Reprise des cours en ligne: La position ferme des étudiants
La décision annoncée hier dimanche, lors de l’émission Grand Jury de la Rfm, a fait débat entre les étudiants. Trouvés aux Parcelles Assainies en train de faire du thé avec ses amis Adama Diarra, en première année au département d’histoire n’a pas assez d’éléments sur les cours en ligne.
« Je ne connais pas de cours en ligne. Je ne l’ai jamais fait. Ce que j’ai toujours connu c’est d’aller à l’école et de voir le professeur devant moi. Mais les cours en ligne, je ne sais pas comment ça va se passer », a dit l’étudiant qui se prépare déjà à aller chez lui dans la région de Tamba (Est) pour passer la fête de Tabaski en famille.
Depuis la fermeture des universités après les violentes manifestations nées de la condamnation de Ousmane Sonko, les étudiants sont dispersés. Ceux-là qui étaient logés au campus social sont retournés dans leurs villages, faute de logements à Dakar.
Ils ne sont pas nombreux à rester encore à Dakar. Pour Fatou Keïta, étudiante en licence 3 au département d’anglais, le souci avec les cours en ligne c’est l’accès à internet.
« C’est vrai que je suis en 3e année, mais on n’a jamais fait de cours en ligne. C’est eux qui vont nous donner des ordinateurs et connexion internet ou quoi ? En plus, ceux qui sont au village n’ont pas accès à internet. Je me demande comment on arrivera à faire des cours en ligne », se demande l’étudiante qui est restée à Dakar pour une formation.
Le niet catégorique de l’Amicale de la FLSH
L’Amicale des étudiants de la Facultés des Lettres et Sciences Humaines (AE-FLSH) a tenu à informer les étudiants qu’ « aucune décision allant dans le sens de la reprise n’a encore fait l’objet de concertation». En effet, suite à l’éventualité de la poursuite des cours en ligne évoquée par le MESRI, L’AE-FLSH « rejette catégoriquement cette proposition, estimant que l’enseignement en ligne ne peut pas remplacer l’enseignement en présentiel dans un contexte où la majorité des étudiants n’ont pas accès à l’internet en raison de leur situation dans les villages où la connexion est faible voire inexistante ».
Dans un communiqué, l’amicale fustige jusqu’à sa dernière énergie la démarche unilatérale » dont les autorités font montre depuis le début de la crise et rejette toute décision prise à l’encontre des étudiants. « Nous exigeons des autorité la reprise immédiate des cours en présentiel, dans le but de sauver ensemble l’année universitaire de manière participative ».
De plus, l’AE-FLSH exprime sa profonde préoccupation et indignation face à « l’arrestation injuste» de plusieurs de leurs camarades dans toutes les facultés confondues, dont Lamine Camara étudiant régulièrement inscrit en licence professionnelle langue et tourisme dans leur faculté. Selon leur président Alla Kane, leur « détention arbitraire est une violation flagrante de leurs droits, une atteinte à la démocratie et à l’État de droit ». De ce fait, ces étudiants appellent les autorités judiciaires à assumer leurs responsabilités en « libérant immédiatement et sans condition ces innocents qui n’ont pas leur place derrière les barreaux ».
L’AE-FLSH ne « tolérera jamais le silence face à l’injustice et réitère son engagement à défendre les intérêts matériels et moraux des étudiants de la FLSH ».
Pour Alassane Sarr, enseignant à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, les universités sénégalaises ne sont pas prêtes pour les cours en ligne. « Je pense que actuellement, l’Université sénégalaise n’est pas encore prête à faire des cours en ligne. Parce qu’il y a de ces étudiants qui habitent dans les villages très reculées ou le réseau fait défaut et l’électricité fait défaut. Le téléphone aussi c’est tout un problème. Pour ces étudiants, il faut penser eux, ils ont partir de l’Université. Pour qu’il y ait la reprise des cours correctement, il faut que l’État convoque tous les acteurs de l’Université, afin de trouver un consensus ».
Avec Pressafrik