L’Afrique : la nouvelle priorité de la Russie ?
Depuis samedi dernier, la Russie a officiellement lancé une coopération militaire avec la RDC. Après la RCA et le Burkina Faso, ce nouveau jalon russe sur le continent marque une accélération du retour du Moscou en Afrique, très net ces derniers mois.
Même si elle est loin d’être officiellement la priorité du Kremlin, la Russie vient de démontrer son intérêt de plus en plus vif pour le continent africain : d’un côté l’annonce de la coopération militaire avec la République Démocratique du Congo s’ajoute à celle annoncée avec la République Centrafricaine et le Burkina Faso ou la Guinée ces dernières semaines ; de l’autre le Forum de Saint-Pétersbourg de la semaine dernière (comme celui de Sotchi il y a quelques semaines) a particulièrement mis l’accent sur les relations économiques, avec une Rencontre dédiée « Russie Afrique », la présence du président Touadéra, des représentants de l’Union Africaine ou encore du Mozambique…
Le « retour » de la Russie post-soviétique sur le continent africain est de plus en plus net, spectaculaire depuis ces dix derniers mois, avec une fin d’année 2017 marquée par deux visites à Moscou : Alpha Condé pour un passage impromptu en septembre ; l’autre en novembre d’Omar el Béchir, première visite officielle au Kremlin du président soudanais recherché par la CPI pour crime de guerre.
Ce retour se caractérise à la fois par une diversification des partenaires, relativement aux amis historiques de l’URSS (de la Namibie à l’Ethiopie) avec lesquelles la Russie continue de soigner les relations. C’était l’enjeu de la tournée du Ministre des Affaires Etrangères Sergueï Lavrov en mars ; et par une réévaluation de l’Afrique sur la carte géostratégique russe : d’où le choix de partenaires privilégiés comme l’Egypte depuis 2013, dans une relation conçue dans le dispositif russe au Moyen-Orient, mais aussi le renforcement des relations avec le Soudan et la possibilité d’établir une base militaire permanente en Afrique de l’Est.
Depuis fin 2017, la politique russe a pris une nouvelle dimension en Afrique Centrale et de l’Ouest. Moscou multiplie les coopérations militaires : avec le Burkina Faso, la Guinée d’Alpha Condé.
Cette lente reprise de contact de la Russie avec le continent africain après la fin de l’URSS aboutit aujourd’hui en une présence poussée dans au moins 10 pays du continent. Outre le soutien et les marchés militaires (via Rosoboronexport), elle se concrétise à travers des coopérations économiques bien comprises : sur le nucléaire civil avec le Soudan (3ème réserve mondiale, concessions d’uranium contre cartographie minière, deux centrales nucléaires et un soutien militaire), ou pour une mine de platine de 3 milliards de $ au Zimbabwe, 8000 emplois locaux sont à la clef.
Enfin elle dénote dernièrement une volonté du Kremlin de s’impliquer plus dans le soutien militaire de certains régimes en difficultés au-delà du Sahara. S’agit-il d’une stratégie planifiée ou d’un opportunisme audacieux ? Au-delà des débouchés économiques, la Russie veut-elle influer sur l’évolution politique du continent ?
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