Chronique MLD: Les incertitudes d’une bipolarisation démantelée
Les derniers événements laissent croire qu’Idrissa Seck arrivé deuxième lors du scrutin présidentiel de 2019 est obnubilé par sa soif d’exister, de reconquérir les cœurs de ses concitoyens et de casser la bipolarisation Macky Sall / Ousmane Sonko en vigueur depuis près de trois bonnes années.
Ambition légitime et vaste programme à la fois !
Si l’on analyse avec perspicacité son narratif peu intelligible pour les non-initiés, Idy est plutôt le cheval de Troie de son désormais ancien patron lui-même coincé dans un ni oui-ni non qui commence à lasser ses 17 millions de concitoyens.
En vérité, l’hyperactivité douteuse de l’ancien Premier ministre et maire de Thiès cache mal son mal-être et son intime conviction qu’il a perdu beaucoup de terrain dans la course à la collecte des suffrages.
C’est ce qui explique sans doute sa propension à s’autoproclamer derechef Chef de l’opposition une place qu’il a reprise à juste raison dans son entendement. Mais c’est connu, une position aussi stratégique ne se décrète pas au risque de s’aliéner l’estime et le respect d’un peuple avisé très en avance sur ses hommes politiques.
Idy est dans le Tout- Communication ; il est quand même dans son rôle en étant à fond dans une campagne débridée de séduction. Quoi de plus normal ?
En tous les cas, l’homme propose, l’électorat dispose.
Quid d’un Pds quasiment réduit à jouer les faiseurs de roi ? Ce qui arrive à ce qui reste de l’historique formation politique de Me Abdoulaye Wade est tout simplement tragique. Depuis la perte du pouvoir en 2012, bon nombre de ses fils ont déserté la maison du père pour débarquer sur les vertes praires de Benno. Transhumance classique même si le PDS qui s’est intelligemment réinventé dans Wallu fait preuve d’une belle résilience avec un Leader fantomatique (Karim Wade) encore coincé au Qatar.
Dans un tel contexte, la flopée de candidats sans illusion (Gakou, Déthié Fall, Abdourakhmane Diouf, Bougane Abdoul Mbaye, Diallo Tekki et compagnie) relève plutôt d’un sujet anecdotique.
Finalement le Sénégal est plongé dans une grosse incertitude.
À 10 mois du scrutin présidentiel personne parmi les 17 millions de Sénégalais ne sait qui sera candidat et qui ne le sera pas.
Une situation politique inédite qui devrait interpeller tous les démocrates.
De mémoire de Sénégalais on n’a jamais vu ça…
Sur le terrain de l’animation politique, c’est l’axe Macky/ Sonko qui sort du lot.
Le Président Sall va visiblement solliciter un second quinquennat ou troisième mandat (c’est selon) pour parachever ses nombreux chantiers conformément à la célèbre expression des tenants du pouvoir. Tout porte à croire qu’il le fera contraint et forcé par un entourage qui ne veut même pas voir en peinture ceux qui incarnent actuellement l’opposition significative qui se positionne en alternative.
Même si Sonko son bouillant et intrépide opposant majeur reste empêtré dans d’inextricables difficultés judiciaires, force est de constater qu’il demeure un sérieux challenger du moins au regard de l’atmosphère qui règne actuellement dans le pays et de la configuration du paysage politique.
Et puis, chaque acteur cache son jeu pour mieux surprendre l’adversaire.
C’est la raison pour laquelle cet appel au dialogue dans un contexte tendu de convocations- arrestations aura peu de chances d’être entendu et matérialisé.
La restauration de la confiance n’est pas encore de mise.
Nous sommes finalement dans l’impasse et on s’occupe peu de l’économie donc de la création de richesses avec cette logique du Tout-Politique. Peter Obi homme d’affaires et homme politique Nigérian disait à juste raison : « Aucun pays ne peut progresser si sa politique est plus rentable que ses industries. Dans un pays où les gouvernants sont plus riches que les entrepreneurs, ils fabriquent la pauvreté. »
Clinique et Imparable !