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France 24 déplore vivement la suspension de sa diffusion au Burkina Faso

La junte au pouvoir au Burkina Faso a coupé la diffusion de France 24 sur son territoire, à la suite d’une interview du chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), une décision que la chaîne française « déplore vivement ».

« La direction de France 24 déplore cette décision et conteste les accusations sans fondement qui mettent en cause le professionnalisme de la chaîne », a réagi la chaîne française dans un communiqué, s’indignant « des propos outranciers et diffamatoires du gouvernement burkinabè ».
Celle-ci précise ne pas avoir donné directement la parole au chef d’AQMI mais au travers d’une « chronique » qui permettait d’offrir « la distanciation et la contextualisation nécessaires », et de confirmer « pour la première fois » que l’otage français Olivier Dubois « libéré depuis, était retenu par AQMI ».
« La crise sécuritaire que traverse le pays ne doit pas être un prétexte pour museler les médias et empêcher les journalistes de la couvrir en toute responsabilité et indépendance », a de son côté réagi Reporters sans frontières (RSF), qui appelle également « les autorités à revenir sur leur décision ».
Début décembre, la junte au pouvoir à Ouagadougou avait déjà suspendu la diffusion de Radio France Internationale (RFI), du même groupe que France 24, France Médias Monde.
RFI était notamment accusée d’avoir relayé « un message d’intimidation » attribué à un « chef terroriste ».
Comme au Mali
RFI et France 24 sont aussi suspendues au Mali, également gouverné par une junte militaire, depuis un an.
Les deux médias, qui couvrent de près l’actualité africaine, sont très suivis dans toute l’Afrique francophone. France 24 a indiqué lundi être suivie au Burkina Faso « par un tiers de la population chaque semaine et plus de 60% des cadres et dirigeants ».
« Le gouvernement prévient qu’il demeurera intransigeant dans la défense des intérêts vitaux de notre peuple contre tous ceux qui joueraient les mégaphones dans l’amplification des actions terroristes et des discours de haine et de division véhiculés par ces groupes armés », a déclaré le gouvernement burkinabè.
Depuis 2015, le Burkina est pris dans une spirale de violences perpétrées par des groupes jihadistes liés à l’Etat islamique et à Al-Qaïda, qui ont fait en tout 10.000 morts – civils et militaires – selon des ONG, et quelque deux millions de déplacés.
Le capitaine Ibrahim Traoré, arrivé au pouvoir par un putsch il y a six mois, avait fait part en février de sa « détermination intacte » à combattre les jihadistes, malgré la multiplication des attaques.
Les relations entre la France et le Burkina se sont dégradées depuis l’arrivée au pouvoir du capitaine Traoré.
En janvier, les autorités de Ouagadougou ont exigé et obtenu le départ de la force française Sabre. Elles avaient également demandé le départ de l’ambassadeur de France, Luc Hallade, qui a été rappelé à Paris pour des « consultations » et qui n’a toujours pas été remplacé.
Enfin, début mars, le Burkina a dénoncé un accord d’assistance militaire signé en 1961 avec la France.