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Hamidou Diop, Secrétaire Général du CNP : « La déclaration d’Adama Lam n’engage pas tout le secteur privé « 

La sortie du président de la CNES Adma Lam , déclarant que le président Macky Sall ne veut pas recevoir le patronat, n’a pas été du goût du Secrétaire Général du CNP. Dans un entretien accordé au journal l’info de ce jour, Hamidou Diop a balayé d’un revers de main ces propos du sieur Lam . Non sans préciser que « ne serait-ce qu’en 2020 pendant la Covid19, le Chef de l’Etat a eu à recevoir les organisations du secteur privé ». Il n’a pas manqué également d’évoquer la tension qui sévit dans le pays et la visite du patron de l’OIT. Entretien.

Question 1 : Le Président de la CNES Adama LAM a déclaré que depuis 7 ans le Président Macky SALL ne veut pas recevoir le Patronat ? Partagez-vous sa déclaration ?

Nous avons été très surpris de cette déclaration du Président Adama LAM que nous avons du mal à comprendre, d’autant plus qu’il précise bien « le Patronat » donc la totalité du secteur privé….

Ne serait-ce qu’en 2020 pendant la Covid19, le Chef de l’Etat a eu à recevoir les organisations du secteur privé ; et Feu Mansour CAMA était bien présent. Donc il y a moins de 3 ans… Et il y avait également juste avant la Covid les missions présidentielles à l’étranger, notamment en Allemagne où le Chef de l’Etat a convié l’ensemble des Présidents des organisations patronales.

En plus il y a diverses rencontres où le Chef de l’Etat se concerte avec le secteur privé, notamment lors des conseils présidentiels tels que le CPI, le PAP2A, le PREAC, etc.   

Et à vrai dire, chaque fois que nous avons eu à faire part au Chef de l’Etat de cette nécessité de davantage promouvoir le secteur privé national, il a eu à donner des directives présidentielles à cet effet. C’est le cas du contenu local dans le secteur des hydrocarbures si cher à Feu Mansour CAMA. Le cas également des plateformes pétrolières logistiques portuaires, des IPP dans le secteur de l’énergie, du soutien au secteur du tourisme, etc. Ceci étant, bien entendu il est toujours bon d’avoir plus de concertations avec le secteur privé national.

Avec le Ministre des Finances Abdoulaye Daouda DIALLO, nous avons eu des concertations et suivies de décisions ministérielles allant de la hausse du prix homologué de la farine au paiement de la subvention aux industriels-meuniers. Il y a, entre autres, cette baisse de taxe douanière Promad, la révision de la taxe plastique, etc. Nous nous sommes entretenus sur toutes les questions relatives à la fiscalité, à la douane et au paiement de la dette intérieure.

Pour la dette intérieure, au regard des nouvelles échéances échues, ce point a d’ailleurs été soulevé auprès du nouveau Ministre des Finances Mamadou Moustapha BA.

Il a été possible également d’avoir des réunions avec le Premier Ministre Amadou BA au regard de l’importance de certains dossiers nécessitant son arbitrage et des décisions. Et nous précisons qu’il a marqué sa disponibilité à tenir très prochainement des concertations avec les organisations du secteur privé.

Cependant, il est bon de retenir que l’entreprise privilégie toujours la discrétion et l’efficacité dans la résolution de ses préoccupations. Imaginez s’il fallait communiquer après chaque audience avec les plus hautes autorités !

Question 2 : Le CNP a eu à recevoir le nouveau Directeur de l’Organisation Internationale du Travail (OIT). Quelles sont les grands dossiers sociaux du CNP portés à son attention ?

Cette visite au Conseil National du Patronat du Sénégal (CNP) a permis au Directeur Général de l’OIT, M. Gilbert Houngbo non seulement de prendre connaissance des préoccupations et des activités de l’Organisation d’employeurs, mais surtout de partager sa vision du nouveau contrat social et de la coalition mondiale pour la justice sociale.

Il a tenu à rappeler à quel point il tient aux valeurs fondatrices de l’OIT en 1919 qui restent pertinentes. Il a rappelé également son engagement à faire tout mon possible pour défendre ces valeurs fondatrices de l’OIT, à savoir ses valeurs communes de paix, de justice sociale, de croissance économique équitable et de solidarité, tout en respectant et en protégeant l’environnement.

Le Directeur Général Gilbert F. Houngbo a appelé à la création d’une «Coalition mondiale pour la justice sociale » pour faire face aux défis qui bouleversent actuellement le monde du travail. Cette Coalition impliquera la participation d’un large éventail de parties prenantes et servira de cadre pour la cohérence des politiques en matière de justice sociale au niveau multilatéral élargi.

Par contre, nous précisons qu’il ne devrait pas s’agir d’un projet de refondation sociale remettant en cause les acquis des accords sociaux au niveau national et international, ni également les fondements de notre tripartisme social.

Ce que nous souhaitons est que le nouveau contrat social et la coalition mondiale pour la justice sociale apportent des réponses durables aux mutations technologiques, à la transition numérique, à la nouvelle économie-climat, à l’environnement et au développement durable, au dividende démographique à capter, ainsi qu’à la sécurité alimentaire et énergétique.

En réponse, le CNP a marqué sa totale adhésion tout en apportant une valeur ajoutée à l’élaboration de ce nouveau contrat social. Dans ce cadre, nous avons dit qu’il était indispensable de définir les responsabilités, les obligations et devoirs de chaque partie-prenante, à savoir, les Gouvernements, les Employeurs, les Travailleurs, la Société Civile au sens large, ainsi que l’OIT et les partenaires techniques et financiers aux niveaux bilatéral et multilatéral.

Mieux nous avons précisé que les responsabilités, les obligations et les devoirs de chaque partie-prenante  devraient être définis autour des axes majeurs suivants :

  1. La paix sociale et la stabilité politique.
  2. La sécurité des biens et des personnes.
  3. Le cadre macro-économique sain et les politiques sectorielles à même de rendre attractif l’investissement privé, de générer des emplois décents, et de garantir une protection sociale.
  4. La promotion des valeurs « travail, productivité, éthique » à même de renforcer les libertés individuelles et collectives, ainsi que la promotion et la cohésion sociales.
  5. Le mode de gouvernance du nouveau contrat social au niveau national, régional et international, ainsi que l’implication des partenaires sociaux.
  6. Le dialogue public/privé inclusif.

Je dois dire que nos échanges ont été très constructifs et que nos recommandations seront portées lors du prochain conseil d’administration du BIT comme nous avons l’honneur d’y siéger en qualité de membre-titulaire.

Question 3 : Comment les entreprises perçoivent-elles les tensions politiques actuelles ?

La Voix de l’Entreprise est, et sera, toujours celle qui invite à la paix sociale, à la sécurité des biens et des personnes, à l’accroissement de l’efficacité de l’Etat, à la séparation des pouvoirs et au respect des institutions de la république, mais également au renforcement de notre souveraineté économique et à la réhabilitation des valeurs « travail, productivité et éthique ».

Nous avons eu à faire un appel dans ce sens il y a 3 mois. Nous pensons avoir été entendus et avons fortement confiance en notre société sénégalaise.