ActualitéSociété

LA CHRONIQUE DE MLD: Le Sénégal doit nourrir le Sénégal !

Ce matin, le Sénégalais lambda a pris du pain, du beurre, du fromage et du lait chaud ou du café au petit-déjeuner. Avec le recul on se rend compte qu’il s’agit essentiellement de produits alimentaires importés notamment ce blé, produit de base du pain devenu vital dans notre quotidien. L’accès à ce blé donne d’ailleurs des cheveux blancs à nos dirigeants du fait de la persistance d’une crise russo-ukrainienne dont on ne connaît ni ne maîtrise l’issue encore moins les nouveaux contours.
Au vu de tous ces enjeux, pourquoi s’échiner alors à imposer en termes de priorité des débats tronqués liés au troisième mandat ou à l’affaire dite Sweet Beauté ?

Entre l’essentiel et l’accessoire, le choix est vite fait et les chemins du progrès social sont longs et sinueux.
A l’heure actuelle, dans un pays pauvre importateur net comme le Sénégal, la question centrale de la souveraineté alimentaire est le meilleur débat qui soit. Celui qui devrait occuper les devants de l’actualité dans les médias et les autres cadres de réflexion stratégique du pays.
Le sommet international sur cette problématique qui vient de réunir une vingtaine de Chefs d’Etats et de gouvernement à Diamniadio est de ce point de vue une excellente nouvelle dans ce processus inéluctable de changement de paradigme. Surtout que les enseignements majeurs de la Covid ne nous donnent aucune alternative et aucun répit.

Tous les pays producteurs ont fini de se barricader pour adopter une certaine autarcie en refusant de vendre le peu qu’ils arrivent à récolter. Dans de telles conditions exacerbées du reste par le renchérissement exponentiel du fret aérien, est-il encore possible pour nous de refuser la transformation structurelle de cette économie moyennageuse ?

Soixante ans après les indépendances, les Africains continuent de déléguer leur souveraineté alimentaire à l’Occident et à l’Asie et ça suffit franchement pour un continent qui concentre 65% des terres arables identifiées à travers le monde. Il est grand temps que l’Afrique nourrisse l’Afrique !

Les statistiques donnent le tournis : Un pays comme le Sénégal dépense annuellement 500 milliards f cfa pour acheter des produits alimentaires au moment où l’Afrique en dépense 75 milliards de dollars.

Une véritable hérésie économique arrimée à une absence totale de vision surtout que notre pays dispose de 240 000 hectares de terres cultivables notamment dans la vallée du fleuve Sénégal où circulent 1700 km d’eau douce. En sus d’avantages comparatifs importants comme la disponibilité de variétés nutritives s’agissant de produits de base comme le mil, le fonio, le haricot et même le riz. Il s’agira juste de donner des moyens considérables à la recherche pour booster nos productions en quantité et en qualité.

Le problème c’est qu’il ne s’agit point d’un nouveau discours. Depuis le temps qu’on nous sérine des slogans pompeux sur l’autosuffisance, le consommer local puis la sécurité alimentaire avant qu’on ne bifurque récemment sur la souveraineté alimentaire. L’évolution intelligente est planifiée du champ lexical en dit long sur notre forte capacité à mobiliser les populations autour de concepts ronflants au contenu déplorable.

Il faut aussi faire du Benchmarking sur l’exemple du voisin malien ; un pays qui a tout récemment réussi le tour de force de devenir le deuxième producteur africain de riz avec 2 millions de tonnes en 2021 derrière le géant nigérian qui culmine avec 3 millions de tonnes.
Pour toutes ces raisons, le sommet international de Dakar ne devrait jamais se transformer en une assise de plus dans l’optique de permettre au Sénégal de réussir la diversification tant attendue de ses ressources économiques afin d’éviter par ricochet par cette tyrannie du pétrole et du gaz qui pointe à l’horizon.
Tout est lié !