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LA CHRONIQUE DE MLD / Developer le secteur privé : Une Arlésienne !

Le Chef de l’Etat tient son nouveau programme de sortie de crise : une stratégie dite de développement du secteur privé qui devrait être inclusive et articulée sous la haute supervision du Premier Ministre Amadou Ba.
Cette idée de relance de l’économie nationale est intéressante en soi d’autant que nous perdons énormément de temps et d’énergie dans la politique politicienne et le Sénégal se trouve plus que jamais à la croisée des chemins dans un contexte de cherté de la vie et de crise économique mondialisée.
Un pays ne se développe jamais dans une ambiance de suspicion et il faut éviter de favoriser les privés étrangers dont l’un des sports favoris demeure le transfert massif vers l’occident des énormes profits réalisés dans les pays d’accueil.
Le problème, c’est qu’il s’agit de la énième initiative pour doper enfin un secteur privé considéré partout à travers le monde comme le moteur de toute croissance, l’instrument privilégié de création de richesses sans oublier son rôle vital de gros pourvoyeur d’emplois.
Depuis le temps qu’on parle de doter le pays d’un secteur privé fort et de champions nationaux,sortes de mastodontes industriels qui pourraient rayonner sur l’espace sous-régional à l’orée de la mise en œuvre de la zone de libre-échange continentale africaine ( Zlecaf)!
Nous avons franchement mis du temps pour accorder enfin du respect et de la considération au secteur privé local.Les plus pessimistes parleront d’ailleurs d’une Arlésienne surtout qu’il ya plusieurs préalables à évacuer avant de songer à cette relance économique : l’encours de la dette intérieure est évalué à 3250 milliards de fr cfa en fin juin 2022 contre 2329 milliards à la même date en 2021, soit une hausse de 39,5 % en une seule année. Il faut travailler à apurer cette dette due aux entreprises locales d’autant que c’est quelque part vital pour la survie de ces acteurs économiques aux reins peu solides.
On ne peut devoir autant d’argent aux privés nationaux et tenir un discours convaincant surtout que c’est la survie de milliers de familles proches de la rupture née de probables drames sociaux qui est bel et bien en jeu.
Par ailleurs, l’idée d’accorder une place centrale au contenu local dans l’exploitation du pétrole et du gaz rentre en droite de cette stratégie de développement du secteur privé.Il faut par ricochet éviter la malédiction de l’or noir car dans plusieurs pays africains, l’exploitation de cette richesse n’a pratiquement jamais profité aux populations locales, les sommes colossales générées par le Business ayant été systématiquement rapatriées dans les pays d’origine des multinationales.
Il ne s’agit pas de pratiquer une certaine autarcie pour faire des investisseurs étrangers des parias; le Sénégal ne peut même pas se payer ce luxe au vu de la structure bizarre de son économie.
De même, cette invite présidentielle devrait être mise à profit par le secteur privé national pour faire sa mue en étant plus agressif et plus impactant.
Le CNP et la CNES qui en sont pratiquement ses plus belles fleurs disposent d’une marge de manœuvre assez faible.
Pis, les privés nationaux prennent peu d’initiatives pour investir dans l’industrie , un secteur considéré à tort ou à raison comme risqué et assez lourd…L’un des rares capitaines à franchir ce pas décisif est le regretté Ameth Amar, PDG fondateur des nouvelles minoteries africaines (NMA).
Cette icône mérite d’ailleurs un hommage national pour avoir
emprunté un chemin délicat jusque là balisé par les investisseurs étrangers ou les Sénégalais d’origine libanaise.
Aujourd’hui c’est quasiment le premier meunier du pays … D’autres icônes comme Abdoulaye Baba Diao, Yérim Sow, Racine Sy , Baydi Agne, Latfallah Layousse,Youssef Saleh,Abdoulaye Dia, Chawki Haidouss incarnent allègrement la bravoure des privés locaux qui n’ont plus froid aux yeux et occupent tous les secteurs d’activités.Sans oublier ceux qui s’activent dans l’infomel et qui font tourner la machine à leur manière surtout que nous restons malheureusement arrimés à une économie extravertie.