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LA CHRONIQUE DE MLD : Le Senegal peut nourrir le Senegal…

Le Président Macky Sall tient son mantra de sortie de crise en lançant l’idée d’une stratégie de souveraineté alimentaire consensuelle.
Juste dire d’emblée qu’il n’ya rien de nouveau sous le soleil si ce n’est un nouvel os à ronger pour les soutiens politiques du Prince prompts à ressasser tels des refrains ces slogans guerriers comme gouvernement de combat ou encore croissance à deux chiffres.
En vérité, Il n’ya rien d’original dans cette injonction faite au nouveau ministre de l’agriculture Aliou Ngouille Ndiaye de doper la croissance agricole pour aboutir à une réelle autosuffisance …Abdou Diouf avait son programme national de consommer local, idem pour Maître Abdoulaye Wade père de cette pompeuse grande offensive pour la nourriture et l’abondance plus connue sous le nom ronflant de Goana.A l’arrivée, juste des pétards mouillés d’autant que l’échec de ces politiques publiques purement politiciennes était proportionnel à la grandiloquence ayant caractérisé ces slogans qui n’avaient jamais bénéficié de l’appropriation des couches laborieuses.
Le problème n’est pas dans une quelconque faiblesse de la production mais dans le déficit criant en infrastructures de stockage.
Tous les producteurs ont fini de déplorer leurs difficultés existentielles d’autant que l’acteur de la filière lait est obligé de détruire le surplus faute de matériels de conditionnement, idem pour les autres qui s’investissent dans d’autres spéculations comme la mangue et tous ces produits hautement périssables.
L’Inde a récemment décidé de limiter ses exportations de riz, cette denrée au cœur de la consommation nationale. C’est une nouvelle qui tombe comme un couperet car notre manque d’imagination et notre paresse nous rattrapent inéluctablement. Nous n’avons finalement rien appris de la Covid, tous les gros producteurs de produits alimentaires vont se barricader davantage. C’était d’ailleurs le cas de la Russie et de l’Ukraine qui nous avaient coupé les vivres concernant l’accès au blé et il a fallu une visite express du Président en exercice de l’UA pour tenter de sauver ce qui pouvait l’être.

Ce riz brisé assez prisé par nos ménagères provient principalement de la Thaïlande, du Pakistan, de la Malaisie, du Cambodge mais aussi du Brésil, des Etats-Unis…
Cela peut paraître ridicule et triste à la fois ; à l’image de la plupart des pays africains, le Sénégal a fini de déléguer sa souveraineté alimentaire à l’Occident et à l’Asie et celui qui te nourrit te contrôle à coup sûr. On n’a pas besoin de sortir des écoles de commerce pour le savoir. Le brillant universitaire sénégalais Professeur Lat Soukabé Mbow l’a corroboré en affirmant : « L’indépendance reste un transfert de pouvoir politique de pure forme tant qu’elle n’est pas suivie d’une souveraineté sécuritaire, alimentaire et énergétique. »

Pour en revenir au cas spécifique de ce qu’il est convenu d’appeler la tyrannie du riz, l’analyse ne doit point occulter la place centrale du puissant lobby des importateurs bénéficiaire d’un cadeau fiscal estimé à des dizaines de milliards de fr cfa car ces Businessmen ne paient pas la Tva, l’Etat invoquant la recherche d’un équilibre et d’une paix sociale pour la disponibilité régulière de cette denrée stratégique. Personne ne perd rien au change en définitive puisqu’il s’agit d’une forme de subvention accordée aux consommateurs.

Pourtant il est avéré que le Sénégal peut nourrir le Sénégal pour peu qu’on apprenne à se triturer les méninges. Il serait donc dangereux de tomber dans un nihilisme contre-productif car il faut souligner la pertinence de ce vibrant plaidoyer pour un soutien et surtout des investissements massifs pour doper la production du riz de la vallée du fleuve Sénégal et de la Casamance. L’urgence réside aussi dans la prise de décisions visant à alléger drastiquement les coûts de production.

C’est la raison pour laquelle tous les Sénégalais devraient apporter leur contribution pour la réussite du programme national d’implantation des magasins de stockage et des unités de transformation des productions.

Le succès que pourrait connaître le marché d’intérêt national de Diamniadio parachèvera la mise en place d’un écosystème favorable à cette souveraineté alimentaire durable que toute l’opinion publique appelle de ses vœux.

Surtout que les vertus nutritives et diététiques du riz local sont chantées par tous les consommateurs.

Ironie du sort, ce riz importé de très mauvaise qualité et à forte teneur en sucre nous coûte une fortune : La facture de son importation massive avoisine plus de 300 milliards de fr cfa annuellement.

Il faut rapidement changer de paradigme, c’est vital !