Abdou Aziz Diop sur la 14E LEGISLATURE
«On peut aller vers une désacralisation de cette institution si le profil du Président n’obéit pas à des critères précis…»
Abdou Aziz Diop, membre de la société civile, invité de la rédaction Sud FM de ce mercredi 07 septembre 2022 s’est prononcé sur le choix du futur président de l’Assemblée nationale, mais aussi des vice-présidents. Selon lui, le premier critère, c’est le critère de compétence, d’éthique, d’exemplarité, de patriotisme, mais aussi le vécu du futur président.«Nous allons vers un moment historique, inédit dans l’histoire politique du Sénégal avec une assemblée aujourd’hui, en ballotage ou presque d’une majorité très relative de la coalition au pouvoir. Donc, le profil du Président de l’Assemblée nationale doit obéir à des principes républicains, même si, c’est des coalitions de partis qui sont en liste pour le choix du président, des vices- présidents, des présidents de commission», a dit Abdou Aziz Diop qui a rappelé que l’«assemblée est une institution qui a toujours été dirigée par de fortes personnalités qui ont marqué l’histoire politique de ce pays, qui ont un vécu, qui ont une trajectoire».
Il cite à ce propos, «les présidents Lamine Gueye, Amadou Cissé Dia, Abdou Aziz Ndaw, Daouda Sow jusqu’à Moustapha Niasse».Mais, redoute-t-il, «aujourd’hui avec tout ce qui se trame, je pense qu’on peut aller vers une désacralisation de cette institution si le profil du Président n’obéit pas à des critères précis». Et en termes de critères, «le premier, c’est la compétence. Il y a aussi les critères d’éthique, d’exemplarité, de patriotisme, mais aussi le vécu du futur président parce que c’est important». Parce que rappelant que le président de l’Assemblée est le dauphin constitutionnel. «Dans le cadre de la constitution en son article 39, en cas de démission ou de décès, le Président de la République est supplée par le Président de l’Assemblée nationale». Et au cas où celui serait lui-même dans l’un des cas de démission ou décès, la suppléance passe à «l’un de des vice-présidents de l’assemblée nationale dans l’ordre de préséance. La même règle définie par l’article s’applique à tous les suppléants.
Donc celui qui doit suppléer le Président de la République en cas de vacance ou d’empêchement, doit être un bon profit. Suppléer un Président de la République, on le souhaite pas pour l’instant. Peut-être en cas d’élection, le président pourrait partir, mais tout peut arriver, parce que quand on légifère, on légifère pour tous les cas de figures. Donc en cas de décès ou d’empêchement ou de démission, si le Président de la l’Assemblée nationale doit supplier le président de la République, ce profil-là doit être une haute personnalité qui force le consensus, pour assurer une tradition». Mais, s’inquiète-t-il si c’est quelqu’un qui y est venu «par le biais de la politique politicienne, quelqu’un qui n’a aucune compétence, aucun mérite, aucun vécu, cela pose problème et cela risque vraiment de désacraliser notre institution, et c’est un peu la porte ouverte à tout».«…C’est le président de l’Assemblée qui doit suppléer le président en cas de vacance du pouvoir»«Nos craintes, c’est que le choix obéisse à des critères plutôt politiciens, parce qu’on a vu aujourd’hui, au Sénégal, depuis les Locales, cette nouvelles forme de démocratie populiste, c’est à dire n’importe qui, aujourd’hui, peut être n’importe où.
On l’a vu à travers les Locales, des maires qui ont été élus et qui n’ont aucun profil, qui n’ont aucune trajectoire, mais qui par le biais de la politique politicienne sont aux commandes de ces collectivités territoriales», regrette Abdou Aziz Diop selon qui, «on a vu, lors des dernières élections législatives aussi, les députés sortis un peu de l’anonymat. Donc aujourd’hui, un anonyme peut être à la tête de cette institution ou être vice-président ou président de commission. Et si ces cas de figure se posent, cela risque vraiment de remettre en cause la sacralité de nos institutions, mais cela risque de nous mener vers une instabilité institutionnelle». «On a toujours eu de bon profil, mais aujourd’hui avec ce qui se trame, ce qui se passe avec les alliances politiciennes et toutes ces tendances actuelles, on a des craintes légitimes qu’on puisse élire des personnes qui l’ont été, bien sûr démocratiquement à travers les élections législatives, mais qui se retrouvent à des instances de décisions, ce qui peut vraiment mener la paix dans une instabilité», prévient-il, ne manquant pas de rappeler que «le Sénégal a toujours été connu pour la stabilité de (ses) institutions, mais aussi on a eu quand même des dirigeants respectés et respectables. Mais avec cette démocratie populiste, n’importe qui, si on n’y prend garde, si on ne met pas les principes républicains et qu’on aille vers les logiques politiciennes ou partisanes, avec ces prétendants – parce que vous avez vu les prétendants qui sont aujourd’hui prétendants pour le fauteuil de l’assemblée nationale, je n’ai rien contre eux – on a des doutes et des craintes légitimes en tant que citoyen averti», conclut-il.