Irak: le leader chiite Moqtada al-Sadr mobilise des centaines de milliers de fidèles à Bagdad
Sans y participer lui-même, le leader chiite Moqtada al-Sadr a mobilisé vendredi 15 juillet à Bagdad des centaines de milliers d’Irakiens pour une prière collective, un geste destiné à faire pression sur ses adversaires pour accélérer la formation d’un gouvernement.
Depuis les élections législatives d’octobre 2021, les 42 millions d’Irakiens, épuisés par une crise économique et sociale majeure, attendent toujours de savoir qui sera leur prochain Premier ministre. Les partis chiites, majoritaires, ne sont pas parvenus à doter le pays pétrolier d’un nouveau chef de gouvernement. Et la crise s’est accentuée le 12 juin avec la démission des 73 parlementaires du courant de Moqtada al-Sadr, un geste destiné à protester contre cette inertie.
Fort de son titre de « sayyed », descendant du prophète Mahomet, Moqtada al-Sadr a un poids considérable dans le paysage politique irakien depuis la chute du dictateur Saddam Hussein, renversé par une coalition emmenée par les États-Unis en 2003 et pendu en 2006.
La grande prière collective de vendredi qu’il a convoquée à Bagdad a joué à plein, comme une manière de dire qu’il pouvait facilement mobiliser des centaines de milliers de personnes, même par plus de 40°. « Al-Sadr parvient à mobiliser ses fidèles, et même en dehors de son mouvement, pour deux raisons, analyse Hardy Mède, chercheur au Centre européen de sociologie et de science politique, spécialiste de l’Irak, au micro de Martin Chabal du service international de RFI. D’abord parce que c’est un mouvement qui a une expérience extrêmement importante des mobilisations, une expérience qui a été acquise depuis une dizaine d’années, le mouvement sadriste a recours d’une manière régulière à la rue. Et deuxièmement, c’est un mouvement aussi très largement implanté, très organisé sur la scène locale. C’est un mouvement qui repose sur un réservoir de militants très mobilisés sur le terrain. Sadr aujourd’hui essaye de remobiliser le même mouvement, (lui) donner un souffle pour dire que, de toutes façons, même si on n’est plus au Parlement, on est toujours capable de se mobiliser, d’avoir recours à la rue, et puis aussi peser ainsi sur la dynamique politique. »
Toutinfo.net avec RFI