Football: comment la guerre en Ukraine a brisé l’élan de l’espoir sénégalais Samba Diallo
Arrivé dans le club ukrainien du Dynamo Kiev il y a moins d’un an, l’international U20 Samba Diallo s’attendait à tout sauf à être témoin d’une guerre en Ukraine. Malgré le traumatisme, il espère vite rebondir, à Kiev ou ailleurs. Publicité
Lorsqu’il quittait la douce Dakar cet été pour la fraîche Kiev, Samba Diallo s’imaginait tout sauf à être confronté à guerre. Lorsqu’il signait une prolongation de contrat de cinq ans après une demi-saison réussie au Dynamo, Kiev, il s’imaginait plutôt continuer à dynamiter les défenses adverses et non à être sous la menace des bombes russes. « C’est vrai qu’en quittant Dakar, j’avais des appréhensions concernant le froid, la langue, le fait qu’il n’y ait pas beaucoup d’Africains en Ukraine et les rumeurs de racisme. Mais, je ne pouvais imaginer un instant ce qui allait arriver », explique-t-il, attablé dans un café dans le XVIe arrondissement à Paris.
Ce qui allait arriver, c’est la guerre en Ukraine déclenchée il y a près de deux mois par l’invasion de la Russie. Une guerre qu’il n’avait pas vue venir alors qu’il s’épanouissait dans le mythique club du Dynamo de Kiev, monument du football ukrainien avec ses 16 titres de champions et ses deux Coupes des Coupes (ex C2).
« Je ne pensais qu’à une chose : partir »
L’international U20 du Sénégal, arrivé l’été dernier, s’était adapté rapidement au vu de ses performances en Youth League, l’équivalent de la Ligue des champions chez les jeunes, avec notamment deux doublés contre le Bayern et le FC Barcelone. Mais l’euphorie a cédé la place à la peur au début de l’attaque russe. « Oui, j’ai eu peur, reconnaît le joueur de 19 ans. La guerre, je ne l’avais jamais vécue, je ne l’entendais qu’à la télé. Là, elle était tout près de moi, c’était quelque chose de presque irréel. De ma chambre, j’étendais le bruit des bombes. Je me persuadais que cela n’allait jamais arriver jusqu’à moi puisque j’étais en centre-ville. Mais dès qu’on a su que les troupes russes étaient à la périphérie de la ville, j’avoue que j’ai commencé à avoir peur. Je ne pensais qu’à une chose : partir, mais je ne savais pas comment ».
C’est l’agence qui gère ses intérêts, VV Consulting, fondée par l’ancien vice-président de l’AS Monaco Vadim Vasilyev, qui va lui trouver une solution. « J’ai pris le train à Kiev pour aller à la frontière avec la Pologne, puis j’ai pris l’avion pour Paris ».
« Prêt à retourner à Kiev… »
Samba Diallo garde encore en tête les « horribles images de bousculade à la gare de Kiev » et n’a pu se permettre de relâcher la pression qu’une fois à Dakar entouré des siens. « Je ne suis resté qu’une journée en France avant de partir au Sénégal. Il fallait que j’aille me ressourcer. Ma famille était très inquiète pour moi et mon père m’appelait tout le temps. Cela m’a fait du bien ».
Aujourd’hui, l’attaquant, comparé à son compatriote Sadio Mané, est de retour en France et s’entraîne tout seul à Monaco. Face à la situation en Ukraine, la Fifa a autorisé en effet la suspension des contrats des joueurs avec les clubs ukrainiens jusqu’au 30 juin. Et après ? Un retour en Ukraine sera-t-il possible si la guerre se termine ? « Oui, je suis prêt à retourner à Kiev si la situation le permet, lâche Samba, non sans hésitation. J’ai un contrat, le football, c’est mon métier et surtout, ma famille fonde beaucoup d’espoir en moi ».
Son représentant en France, Matar Cissé est, lui, plus pessimiste. « Au vu de la situation actuelle, je ne pense pas que cela va évoluer. En tout cas, nous avons des contacts avec d’autres clubs, on verra ce qui va se passer après le 30 juin ».
Qu’importe, le talent de Samba Diallo devait suffire à lui trouver un club dans des contrées plus paisibles.
Toutinfo.net avec RFI