CONSEQUENCES DES SANCTIONS DE LA CEDEAO : Les 253 milliards de recettes du PAD dans le vent
ECONOMIE : Selon les statistiques 61 % des marchandises maliennes passent par le Port Autonome de Dakar (PAD). En moyenne, les 1000 camions de transport de marchandises maliens qui viennent quotidiennement au Sénégal font rentrer 253 milliards de francs CFA par an en termes de recettes dans l’économie sénégalaise. Avec la fermeture des frontières aériennes et terrestres, décidée par la CEDEAO, le Sénégal va subir les contrecoups dans son économie.
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) a entériné, dimanche dernier, les décisions prises par l’Union monétaire ouest-africaine (UEMOA), contre la junte malienne. Ainsi, les pays d’Afrique de l’Ouest ont décidé de geler les avoirs maliens au sein de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’ouest (BCEAO), de fermer les frontières entre le Mali et les États membres de l’organisation mais aussi de suspendre les transactions avec Bamako à l’exception des produits médicaux et de première nécessité. Ces décisions commencent à entrer en vigueur, à partir de ce lundi 10 janvier 2022. Mais, la question qui est sur toutes les lèvres est de savoir, combien cet embargo va coûter au Sénégal ? En effet, le pays Assimi Ghoïta, chef de la junte est le 1er partenaire commercial du Sénégal avec61 % des marchandises maliennes qui passent par le Port Autonome de Dakar (PAD). Par conséquent, en respectant l’embargo de la CEDEAO cela impactera fortement sur notre économie. « Le Mali est le premier partenaire commercial du Sénégal. Comme destination à l’exportation, le Mali, tout seul a fait entrer 474 milliards FCFA dans les caisses de l’État en 2020. Cela est plus important pour le Sénégal que tout l’appui budgétaire des pays de l’Union Européenne, réunis à savoir 264 milliards de FCFA par an. En acceptant les sanctions de la CEDEAO contre le Mali, le Sénégal se tire une balle au ventre. Attention aux effets collatéraux », avertit l’économiste, Ndongo Samba Sylla sur sa page Facebook. « Aujourd’hui, nous avons une relation commerciale extrêmement importante avec le Mali. Nous avons environ 1.000 camions maliens qui viennent par jour au Sénégal. Donc, c’est 253 milliards de francs CFA qui rentrent par an dans l’économie du Sénégal », insistait le secrétaire général des acteurs portuaires du Sénégal, Mamadou Corsène Sarr, au mois d’aout 2021, à Kaolack, lors des incidents sur le corridor. « Le volume du trafic aujourd’hui qui transite par le port de Dakar est de plus de 4 millions de tonnes. Donc, le port autonome de Dakar est le principal port d’approvisionnement du Mali. Et tout cela, c’est grâce à l’effort conjugué des deux autorités et la communauté des acteurs portuaires », soulignait le directeur général des entrepôts maliens au Sénégal, Fousseynou Soumano.
LE MALI, UN PARTENAIRE PRIVILIGIE DU SENEGAL
Le Mali est un partenaire privilégié du Sénégal en matière d’échanges commerciaux. En effet, le Port Autonome de Dakar (PAD) est le symbole de ce dynamisme commercial. D’après la représentation du PAD au Mali, le port de Dakar représente 61% des marchandises pour tout le Mali et 71% des containers. 498 368 tonnes en produits pétroliers destinés au Mali transitent par le PAD. Avec la route qui est en bon état et la motorisation qui croît d’année en année, le transport des hydrocarbures ne souffre pas comme celui des produits chimiques et miniers permettant ainsi aux transits pétroliers de faire 26,37% de croissance par an en moyenne durant les trois dernières années. Les produits alimentaires représentent quant à eux 379 861 tonnes. Les principales denrées sont le mil, le maïs, le riz, le blé, le sucre, le thé, entre autres.
Les biens d’équipement occupent une place importante dans le transit entre le Mali et le Sénégal. Le tonnage se chiffre à 175 916. Il est constitué de voitures, de tracteurs, de camions, de fer etc…Il faut préciser qu’une bonne partie des biens importés par le Mali depuis le Sénégal sont constitués de produits qui transitent par le PAD. Cette marchandise est convoyée par la route ou le train qui relie les deux capitales.
Mamadou SARR