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CHRONIQUE DE MAME GOR NGOM

2021 maux, 2022 attentes…

2021 a été mortelle. La pandémie de la Covid-19 a été impitoyable. Elle a tué des êtres humains. Elle a terrassé beaucoup d’icônes. Des hautes personnalités, des artistes et des Sénégalais lambda.

Elle n’a épargné aucune catégorie sociale. Illustration éloquente de la démocratisation de la mort. Les maux de cette maladie ont été partout visibles. Une continuation macabre de 2020, une autre « année sans ». Cette bête immonde n’a pas tué que des hommes et femmes. Elle a été aussi le bourreau d’une économie qui était déjà chancelante. Que d’entreprises à terre ! Que d’entreprises qui battent de l’aile ! Que d’entreprises secouées par une conjoncture inédite ! Que d’emplois perdus ! Que de jeunes et moins jeunes, qui du jour au lendemain, ont perdu leur travail ! Que de travailleurs qui broient du noir ! Que de désillusions ! Que de désolation ! Au-delà de l’économie, le coronavirus tue progressivement le social. Des liens distendus. Des ruptures brusques. Des déchirures. Des déchirements. Beaucoup de malentendus. La pandémie a renforcé la capacité de nuisance des autres maladies qui étaient tenaces.

Dans cette même logique pessimiste, ces pirogues de fortunes vers un ailleurs problématique. Des jeunes qui passent de vie à trépas sur le chemin qui mène vers un illusoire eldorado européen. Des centaines de morts. Peut-être des milliers ou plus. Difficile d’avoir le chiffre exact tellement les conditions du voyage sont approximatives. Des airs de suicide dans un océan de malheurs. Un rêve d’Europe qui se transforme en des nuits et jours cauchemardesques. De la honte. De l’humiliation. Un aveu d’échec de gouvernants qui ont fini d’étaler toutes leurs limites. Toutes leurs incompétences. Tout leur manque de compassion. Les jeunes tués en haute mer dont les restes sont souvent visibles sur des plages lointaines, n’ont eu droit à aucun égard. Ici et ailleurs en Afrique, les pouvoirs sont plus préoccupés à établir une collaboration avec les pays aux attitudes victimaires en cherchant un moyen « d’endiguer le mal ». Ils se sentent envahis par de « sales types ». Et des mesures coercitives, musclées sont mises en place pour « faire face ». 

Comme un éternel recommencement, les scènes d’apocalypse reviennent toutes les années, à tous les instants de nos vies misérables. Peu d’espoir pour que ce « massacre » s’arrête. 2022 risque de connaître le même sort.  Chez nous, les crimes économiques, s’ajoutent aux autres violences. Nos entreprises publiques sont plus que jamais de véritables vaches laitières pour des fonctionnaires et directeurs généraux véreux. Sans cœur, ils organisent le braquage et se partagent le butin. En chœur ! La Loterie nationale sénégalaise (Lonase), la Poste, la Sicap pour ne citer que ces structures, sont les symboles les plus achevés de l’échec de la « gouvernance sobre et vertueuse ». Les dirigeants de ces institutions, font un pied de nez aux objectifs du président de la République qui promettait aux premières heures de sa venue au pouvoir, la transparence dans la gestion. Hélas, les actes posés ici et là démontrent le contraire.

Le dernier « braquage » opéré au Trésor public avec près de 5 milliards de Fcfa emportés par des agents de la haute administration, donnent l’impression d’un vol de grande envergure organisé. Un pillage sans vergogne de nos ressources financières par des personnes qui, manifestement, échappent à tout contrôle. Des trafics de toutes sortes. De faux passeports diplomatiques distribués. Dans une administration sérieuse, il ne doit pas être possible de détourner autant d’argent, de faire de si sales besognes, sans attirer l’attention de ceux-là qui sont censés « avoir un œil sur tout ». Le rôle des corps de contrôle est fortement remis en cause. Dans un contexte marqué par leur fragilisation, leur infantilisation, ils ont perdu de leur superbe. Il faudrait beaucoup de sérieux et une ferme volonté politique pour qu’ils redorent leur blason terni par des manquements, des faiblesses apparentes et surtout de la frilosité. 

Attentes…

2022 démarre en trombe. Les élections locales du 23 janvier prochain inaugurent une année charnière. Le président de la République, dans son discours de fin d’année, a beaucoup insisté pour que ce scrutin se passe dans la sérénité. On n’ose pas croire qu’il n’est pas sincère. Tous les acteurs devraient adopter cette logique notamment ceux-là chargés d’organiser les élections. Le principe de celles-ci est la participation de tous. Si la justice, l’administration territoriale respectent à la lettre une telle évidence, il ne devrait pas y avoir de nuages qui brouillent tout, suscitent des interrogations et causent des incompréhensions génitrices de violences. 

Macky Sall a apparemment compris que son salut réside dans les compromis, les consensus qui n’enlèvent en rien son statut de dirigeant d’un pays si complexe. Bientôt, il sera à la tête d’une Union Africaine (UA) aux multiples enjeux dans un continent en proie à de fortes divergences presque partout, à une crise institutionnelle sans commune mesure et à un déficit de leadership réel. Le président sénégalais a là un grand rôle à jouer. Les sujets ne manquent pas.  Le Mali demeure sans nul doute, l’une des principales préoccupations dans une sous-région ouest africaine en pleine tempête. Être ferme sans frustrer. Agir avec toute la diplomatie requise pour éviter le maximum possible des errements de l’improvisation, est la voie royale. Car, il s’agit aussi ici de dignité africaine, du rôle du continent noir dans le monde, de sa place dans le concert des nations. L’enjeu essentiel est d’agir pour une image plus reluisante du berceau de l’humanité. Effaçant chemin-faisant celle de ce mendiant sur une mine d’or tendant les mains grelottantes pour être assisté. La contradiction est renversante. 

Mame Ngor NGOM