LA CHRONIQUE DE MLD : L’Etat face au parti de la demande sociale…
Le Sénégal est décidément un pays particulier car au moment où
l’actualité brûlante relayée par les médias fait état d’un émiettement
d’une opposition politique qui s’étripe sur fond de problèmes d’égos, le parti de la demande sociale (Pds) pousse de son coté des cris stridents pour attirer l’attention des autorités. Ce parti que nous pouvons appeler l’autre Pds, c’est le peuple dans toutes ses composantes, ce sont ces braves concitoyens en butte à une hausse vertigineuse et sans précédent des prix des denrées de consommation courante (riz, huile, sucre, farine,…). Dans un contexte aussi tendu, nous sommes en droit de nous poser des questions légitimes sur l’ordre des priorités. Autrement dit, cette polémique stérile sur les deux nouveaux pôles de l’opposition qui se regardent en chiens de faïence intéresse-t-elle au premier chef nos compatriotes ? Non sans aucun doute car le parti de la vie chère(Pvc), autre dénomination de l’autre Pds a fini d’installer ses quartiers avec aussi son lot de frustrations. C’est connu, la pandémie Covid a trouvé sous nos cieux une situation économique désastreuse, donc elle n’a fait qu’envenimer une situation sociale déjà alarmante. Le panier de la ménagère en souffre assurément. Malheureusement, les prévisions des économistes avertis informent que les prix des denrées resteront encore assez élevés pour un moment malgré l’annonce en grande pompe par le gouvernement d’une baisse voire d’un renoncement à des taxes de produits de grande consommation. C’est subtil et l’Etat évite de communiquer dessus : pas question de renoncer à certaines taxes par le biais de subventions tous azimuts car il faut assurer le service de la dette et rester conforme et respectueux de nos engagements communautaires (Uemoa, Cedeao…). Il est donc avéré que les pouvoirs publics laissent libre cours à l’application du fameux principe de la vérité des prix. C’est d’ailleurs ce qui explique la cherté des prix des produits de consommation. Fini le temps de l’Etat-Providence et les bailleurs de fonds ne sont pas des philanthropes. Ils veillent au grain d’autant que les programmes triennaux signés avec les pays pauvres insistent sur un niveau de fiscalité que l’Etat doit atteindre vaille que vaille. Le problème est de savoir maintenant sur quels leviers agir pour un maintien des prix à des niveaux acceptables surtout dans un climat anxiogène de tension sur les finances publiques? L’imminence de la réception par le Sénégal de 246,7 milliards de Fcfa au titre des droits de tirage spéciaux(Dts) du Fmi en faveur des pays africains sonne comme une véritable lueur d’espoir.Ces ressources additionnelles seront en grande partie consacrées au soutien des ménages à travers le maintien de leur pouvoir d’achat et les mesures durables de stabilisation des prix des produits de grande consommation. Autre décision et non des moindres, le renoncement par l’Etat de recettes douanières évaluées à 47 milliards de Fcfa pour soutenir le pouvoir d’achat des Sénégalais. Il s’agit notamment de la suspension des droits de douane sur le blé, intrant majeur pour la fabrication du pain, aliment de base de nos compatriotes. Finalement nous n’avons pas encore tiré les bonnes leçons de la Covid car notre modèle économique d’importation continue ne nous permettra jamais de pouvoir intervenir sur des données exogènes liées au fret aérien, maritime et à la non maîtrise des cours mondiaux. Nous devons impérativement assurer notre souveraineté alimentaire et réduire drastiquement le volume des produits importés. De même, il faut booster à la fois l’agriculture et l’industrie afin de créer un cercle vertueux dans le cadre d’une approche maîtrisée des chaines de valeur. Produire et transformer ce que nous consommons : c’est notre seule voie de salut.