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ALLA DIENG/UNACOIS/YESSAL : ‘’Il y a un gap de 30 à 40 mille tonnes de Sucre à importer par an’’

Le Directeur exécutif de l’Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal/Yessal se prononce sur la hausse de certains prix des denrées de première nécessité.  De l’avis de Alla Dieng, l’unique responsable de cette situation sur le sucre est la Compagnie sucrière sénégalaise qui a un déficit structurel de production de l’ordre de 30 000 et 40 000 tonnes.

L’Info : Quelles explications donnez-vous à la pénurie et à la hausse du prix du sucre ?

Alla DIENG : Pour le sucre, la compagnie sucrière produit 120 000 tonnes par an, alors que la consommation nationale annuelle est estimée à 150 000 tonnes. Donc, il y a toujours un gap de 30 000 à 40 000 tonnes à importer. Malheureusement, la Compagnie sucrière bouscule les commerçants dans l’importation de ce gap. Le problème cette année est que les effets de la pandémie n’ont épargné aucun secteur. La Compagnie sucrière sénégalaise n’a pas produit assez et le prix du sucre à l’international est à la hausse. Quand on parle du sucre, les gens pensent aussitôt aux consommateurs alors que les plus grands consommateurs sont les unités industrielles de jus et de lait. Toutes ces unités industrielles se rabattent sur la Compagnie sucrière sénégalaise pour s’approvisionner. Malheureusement, la production de la CSS est inférieure à la consommation domestique. Le gap à importer n’est pas fait. La CSS bouscule les commerçants dans l’importation de ce gap. Certains commerçants n’ont pas de DIPA et importent sous douanes avec les lenteurs et les surcoûts. C’est pourquoi, il y a une tension dans le marché du sucre.

Tout ne peut être imputé à la CSS ?

Malheureusement, la CSS est protégée par l’Etat ; sous prétexte qu’elle emploie 9000 personnes. D’ailleurs, il y a un doute sur ce nombre. Je sais qu’il y a 3000 emplois permanents à la CSS ; les autres sont des saisonniers. Mais la CSS met cela sur la tête du gouvernement comme une épée de Damoclès. Mais si le prix du sucre augmente de 50 francs, c’est dans certains coins reculés à cause du surcoût du transport. C’est à l’Etat de veiller sur les prix homologués. Car pour les autres, c’est la loi du marché.

Qu’en est-il des autres denrées qui ont connu une hausse ?

S’il n’y avait pas d’augmentation de prix, cela devait étonner tous les Sénégalais. La pandémie de la covid a eu des effets partout, y compris à l’étranger d’où vient la majorité des produits de consommation courante au Sénégal. Les fournisseurs sont directement ou indirectement impactés par la pandémie. Actuellement, les importateurs ont des problèmes, parce qu’ils ont du mal à trouver des containers pour l’acheminement des marchandises. Même certains pays exportateurs ne veulent plus le faire, parce qu’ils ont des besoins à satisfaire dans leur propre pays. Malheureusement, à l’arrivée, certains produits importés vont augmenter.

On constate une forte hausse sur l’huile de cuisine également…

Ce qui se passe avec le sucre, c’est la même chose avec l’huile. La SONACOS ne peut produire suffisamment de l’huile pour satisfaire la consommation domestique. Par conséquent, on est obligé d’importer de l’huile de mauvaise qualité de l’Indonésie, du Ghana et de la Cote d’Ivoire. Beaucoup de compagnies indonésiennes qui font de l’huile de soja, de palme ont délocalisé en Afrique. On souhaite que cette tension soit passagère.

Quelle doit être l’attitude des commerçants et du gouvernement pour soulager les consommateurs ?

Aucun commerçant n’a intérêt à stocker de la marchandise sans pouvoir le vendre ou faire de la spéculation. Si tel est le cas, l’UNACOIS/Yessal condamne fermement et demande au gouvernement de sévir. Parce que l’Etat doit être assez fort et doit avoir les moyens de contrôle. L’UNACOIS/Yessal, en tant qu’organisation corporatiste, dégage sa responsabilité si ces cas sont avérés et ne défendra aucun commerçant fautif qui agit pour ses intérêts personnels.

L’info