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REGROUPEMENT EN DANS SEULE ENTITE : Quand Macky scelle l’unité de l’opposition

Sans le vouloir certainement, le président de la République, Macky Sall est en train de sceller l’unité de l’opposition sénégalaise à travers son offensive à outrance. Celle-ci dont tous les segments ont décidé de se mettre ensemble dans une seule entité, veut contrer la machine Bennoo bokk yaakaar, en perspective des futures batailles électorales et démocratiques.

L’opposition sénégalaise s’organise au fur et à mesure qu’on amorce le dernier virage du deuxième et dernier mandat du président de la République, Macky Sall. Réduite à sa plus simple expression depuis l’avènement du président de la République, Macky Sall à la tête du pays et maintenue dans une atonie depuis lors, l’opposition sénégalaise se rebiffe et se ragaillardit au fur et à mesure qu’elle s’enfonce dans le bras de fer qu’elle a engagé avec le régime depuis quelques temps. Requinquée par les tumultes qui ont secoué le pays en début mars dernier, l’opposition sénégalaise surfe sur la vague d’indignation populaire pour se refaire une nouvelle santé politique et se restructurer en perspective des échéances futures. De plus en plus, celle-ci s’organise au gré des circonstances. Et cette organisation s’accélère depuis un certain temps. Pour faire face à la machine Benno bokk yaakaar qui se montre de plus en plus intraitable lorsqu’il s’agit de légiférer en faisant valoir sa majorité mécanique, l’opposition est en train de recoller ses morceaux, de panser ses blessures et de reprendre du poil de la bête à travers une unité qui prend de plus en plus forme. Récemment, l’ensemble des segments de l’opposition ont scellé leurs retrouvailles et ont décidé de joindre leurs forces dans une seule entité pour mieux prendre en charge le combat entamé contre le régime de Macky Sall. Un combat dont la pierre angulaire est la sauvegarde de l’état de droit, la défense des libertés et des intérêts des populations; mais aussi et surtout, le refus, d’une troisième candidature du président Sall à la présidentielle de 2024.

Jonction dangereuse du FRN, du M2D, de la CDC et de JOTNA 

Déjà en ordre de bataille depuis le passage au forceps de la loi portant modification du Code pénal et du Code de procédure pénale que l’opposition juge scélérate et liberticide est destiné à casser des opposants, le Front de résistance nationale (FRN), le Mouvement pour la défense de la démocratie (M2D), le Congrès de la renaissance démocratique (CRD) et la coalition Jotna ont décidé tout récemment de joindre leurs forces dans le but de combattre ce qui est retenu dans le code électoral, comme conclusion du dialogue nationale qui a pris presque deux ans, et pour lequel, la partie de l’opposition qui y a pris part se sent trahie. Au-delà de ce combat ponctuel, ces différentes factions de l’opposition comptent maintenir cette dynamique unitaire jusqu’aux prochaines joutes électorales à travers une large coalition annoncée tout récemment par l’ancien maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall. Déjà, au sein de l’opposition, il est de plus en plus question de listes communes pour les prochaines élections municipales et départementales du 23 janvier 2022. Que ce soit à Dakar ou dans les autres localités du pays, elle entend y aller unie pour maximiser ses chances et se défaire du rouleau compresseur de la coalition Benno bokk yaakaar. En effet, dans beaucoup de localités, notamment à Dakar qui est le plus grand enjeu, l’opposition unie peut bien s’en sortir contre le régime qui y a toujours été faible. Pour autant, ce n’est pas gagné d’avance. Et pour cause, de multiples tentatives de regroupement de l’opposition se sont soldées par des échecs patents.  

L’Ied, Pencum askan wi, Fippou jogg jotna, Fsd/Mws, Fpdr, Gor ca wax ja…, aux oubliettes 

De 2012 à maintenant, plus d’une dizaine de coalitions et de cadres unitaires ont été créés par l’opposition. Ces initiatives qui sont toujours lancées au gré des circonstances comme le M2D et la coalition ‘’Le Peuple’’, sont aujourd’hui rangées aux oubliettes. C’est le cas de la coalition ‘’Fipou, Jog Jotna’’, lancée le 9 avril 2018 à Thiès dans la capitale du rail. A l’initiative du Mouvement Y en a marre, elle regroupait en son sein le Parti démocratique sénégalais, le Rewmi d’Idrissa Seck, la Convergence libérale démocratique/Bokk gis gis (Cld/Bgg) de Pape Diop, ainsi que le mouvement Bès du niakk de Serigne Mansour Sy Djamil, de la République des valeurs de Thierno Alassane Sall, du Grand parti de Malick Gakou, Pastef de Ousmane Sonko et Gueum sa bop de Bougane Guéye Dani, entre autres. Moins d’une semaine seulement avant le lancement de cette coalition, une autre plateforme a été portée sur les fonts baptismaux. Cette fois ci, à l’initiative de la Commission orientations et stratégies du Mouvement du 23 juin (Cos/M23). ‘’Pencum askan wi’’ (l’Assemblée du peuple) était paradoxalement composée des mêmes forces politiques et citoyennes que ‘’Fipou, Jog Jotna’’ et avait les mêmes objectifs de combattre le régime de Macky Sall. Elle n’ira pas loin dans le bras de fer contre le pouvoir. Elle disparait comme les différentes plateformes qui l’ont précédées parmi lesquelles, l’Initiatives pour des élections transparentes (IED), lancée le 28 décembre 2018. A peine créée, cette plateforme n’aura le temps d’organiser aucune initiative. Constatant un nouvel échec, les leaders proposent un nouveau cadre de lutte mieux organisé et une nouvelle stratégie, permettant d’impliquer l’ensemble des citoyens conscients de la nécessité de s’approprier le combat contre le régime.

Coalitions mort-nées

Auparavant toutes les tentatives d’unité depuis 2012n avaient échoué. C’est le cas du Front patriotique pour la défense de la République (Fpdr). Porté sur les fonts baptismaux en aout 2014, il avait fait de son principal cheval de bataille, la libération de Karim Wade, incarcéré dans le cadre de la traque des biens supposés mal acquis. C’est ce qui fait que très tôt, beaucoup de partis politiques dont la Convergence libérale démocratique/Bokk gis gis, le Rewmi entre autres, avaient pris leur distance avec ce front. Ainsi, en réalité, il n’y avait que le Parti démocratique sénégalais et And Jëf/Pads de Mamadou Diop Decroix, alliés traditionnel des libéraux. Le manque d’attraction de ce cadre était d’autant plus réel que les libéraux et leurs alliés, à la veille du référendum de mars 2016, avaient rejoint la coalition du Non ; «Gor ca wax ja», aux côtés d’autres forces de l’opposition. Mais tout comme le Fpdr, cette plateforme a très vite disparu de la scène politique juste après le référendum pour céder la place au Front pour la défense du Sénégal/Mankoo wattu Senegaal. A la différence des autres plateformes initiées par l’opposition, celle-ci paraissait plus costaud parce que composée par le Parti démocratique sénégalais, le Rewmi, l’Alliance pour la citoyenneté et le travail (ACT) de l’ancien Premier ministre de Macky Sall, Abdoul Mbaye, le Grand parti (GP) de Malick Gakou, Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (PASTEF) d’Ousmane Sonko, ainsi que les autres partis membres du FPDR coordonné par Mamadou Diop Decroix, par ailleurs Secrétaire général d’And Jëf/Parti africain pour la démocratie et le socialisme (AJ/PADS) et d’autres mouvements citoyens, des syndicats et des personnalités indépendantes. Cette plateforme avait de nobles ambitions, résolue à lutter contre ce qu’elle considérait comme ‘’une dictature à visage découvert qui s’installe dans notre pays, l’asservissement par l’exécutif de tous les pouvoirs notamment le Législatif et le Judiciaire, les tentatives de division des Sénégalais, la gestion patrimoniale et familiale des richesses du pays et la corruption généralisée’’, cette plateforme espérait à travers cette lutte, participer à l’approfondissement et à la consolidation de la démocratie sénégalaise et à la défense des valeurs. Ses leaders se disaient conscients de la ‘’dégradation accélérée de la situation économique et sociale du pays, des graves menaces pesant sur son système démocratique et du pillage au bénéfice de quelques personnes, des ressources publiques (pétrole, gaz, mine, foncier) mené à grande échelle et au grand jour, au sommet de l’Etat’’. C’est pourquoi ils avaient décidé d’engager toutes leurs forces vives du pays. Mais hélas, cette nouvelle proposition des leaders de l’opposition sonnait en effet comme un aveu d’échec. Comme ça a été le cas avec les plateformes précédente.  Espérons que celle en gestation aura un tout autre destin. Car l’opposition est condamnée aujourd’hui à s’unir, si elle veut faire face  efficacement au régime, qui se renforce de jour en jour en débauchant ses membres. 

L’info