HAUSSE DES PRIX : La viande inaccessible, l’État au banc des accusés
Sur les étals des marchés, le prix de certaines denrées de consommation courante, flambe. Les bouchers et les consommateurs pointent un doigt accusateur sur le gouvernement.
La viande est intouchable à Dakar. Il est 11 heures au marché de Ouakam, ce lundi et le thermomètre affiche 26°. Dans ce marché étroit, les commerçants se disputent la rue aux piétons. Ce qui créée une anarchie indescriptible. Lorsqu’on entreprend de circuler dans les ruelles étroites du marché de Ouakam, ce qui frappe, c’est que c’est une gageure de trouver une personne portant le masque, malgré la présence de la covid-19. La distanciation sociale n’est pas non plus respectée. Au marché de Ouakam, les consommateurs croisés se lamentent de la cherté de la viande. Les Sénégalais ne peuvent plus consommer la viande. Cette denrée est trop chère en ce moment, plongeant les consommateurs dans le désarroi total. Amina Diallo, teint clair, âgée d’une vingtaine d’années, panier rempli de légumes et d’autres condiments, à la main, confie : ‘’La viande est trop chère. Le kilogramme de viande est vendu entre 3000F et 3500F au lieu de 2500F. C’est énorme’’. Elle affirme que depuis plus d’une semaine, elle n’a pas préparé le « chepp bou yapp » (riz à la viande), alors que c’est son plat préféré. Quant à Ely Kama, une restauratrice, malgré cette flambée des prix de la viande, elle continue d’acheter pour satisfaire sa clientèle. ‘’On est obligé d’acheter la viande, même si elle est très chère, car on ne peut pas préparer chaque jour du riz au poisson pour les clients’’, regrette-elle.
Certaines femmes se rabattent sur la viande importée sans os, vendue à 3000F le kg. ‘’Maintenant, j’achète la viande à la charcuterie, le kg est à 3000 f là-bas. Ce qui permet de faire une petite économie’’, avoue Néné Niang. Elle se désole de cette situation et invite les autorités étatiques à être plus vigilantes quant aux prix des denrées de premières nécessités. Si les ménages se plaignent de la cherté de la viande, les bouchers eux, regrettent également la rareté des clients. Pour eux, depuis que les prix ont grimpé, les clients se font de plus en plus rares. Ousmane Baldé, vendeur de viande, ne dira pas le contraire. ‘’Les clients se font de plus en plus rares. Auparavant, je vendais un bœuf par jour, mais aujourd’hui, je ne parviens plus à écouler la moitié en une journée’’, déplore-t-il. ‘’C’est la hausse du prix du bœuf qui a impacté celui de la viande. Ce n’est pas notre souhait d’augmenter le prix, mais on est obligé’’, martèle-t-il.
UN MARCHE DE LA VIANDE APPROVISIONNE PAR LE MALI ET LA MAURITANIE
Son collègue Mbacké Fall, trouvé assis dans sa cantine, attendant désespérément des clients, pointe un doigt accusateur sur l’État. ‘’La situation est difficile. Les clients viennent très rarement. Nous ne sommes pas responsables de cette flambée des prix car le bœuf qu’on achetait à 350 000F ou 300 000F, aujourd’hui on l’achète à 400 000F ou 450 000F au niveau du foirail’’, a-t-il expliqué, l’air triste. Selon notre interlocuteur, le Sénégal s’approvisionne en bœufs au niveau des pays voisins comme le Mali et la Mauritanie, avec des tracasseries douanières fréquentes au niveau des frontières. ‘’On se ravitaille en bœufs au Mali et en Mauritanie. Au Sénégal, on n’a pas des bœufs de bonne qualité. Pour importer ces bœufs, les commerçants dépensent beaucoup d’argent pour arriver à destination, et une fois dans les foirails, chaque bœuf paie une somme 1000F alors qu’elle était de 500F, sans oublier le prix du transport par les camions. C’est la raison pour laquelle, nous sommes obligés d’augmenter le prix des vaches. Ce qui va évidemment se répercuter sur le kilogramme de la viande’’, se désole Mbacké Fall. Pour lui, le seul responsable de cette cherté de la viande, est l’État qui doit diminuer les taxes, et surtout adopter une bonne politique en matière d’élevage, pour atteindre l’autosuffisance en viande au Sénégal.