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BOUTEILLES DE GAZ «NEUTRES» : Alerte, danger dans nos foyers !

Les consommateurs de la bonbonne de gaz de 12 kg ne savent plus où donner de la tête, parce que le produit est en rupture, du fait de l’interdiction des bouteilles neutres. Mais, cette mesure qui causent beaucoup de désagréments à certains est plus que salutaire. En effet, ces bouteilles réformées en France, ramenées au Sénégal et mises sur le marché contre les normes de sécurité et la législations en vigueur constituent un réel danger pour nos foyers. 

Hier, nos confrère de La Tribune ont révélé une pénurie de bouteilles de gaz butane de 12 kilos. Et ils ont souligné que cela est dû à une circulaire ministérielle interdisant les bouteilles «neutres». Mais, la mesure est plus que salutaire. En effet, ces bouteilles «neutres» constituent un véritable danger pour les consommateurs. Et pour cause. «Cette mesure est justifiée et est salutaire.  Ces bouteilles-là ont servi pendant longtemps en France, jusqu’à ce qu’elles soient réformées. Elles ont été réformées, parce qu’elles ne remplissaient plus les critères pour contenir du gaz, leur épaisseur et d’autres éléments n’étant plus conformes. Mais, des gens sont allés récupérer ces bouteilles en France, les ont mises dans des conteneurs et sont venus les vendre au Sénégal, à des gens qui les remplissent et les revendent», explique une source du secteur. Non sans préciser que cela se fait en toute illégalité. «Si on importe des bouteilles, elles doivent suivre un processus de validation par le ministère de l’Environnement. Il faut qu’on s’assure qu’elles résistent à la pression ». 

EN VIOLATION DES NORMES ET DE LA LOI…

«D’abord, il faut  déclarer toutes les bouteilles, numéro par numéro et signaler leur origine. On les soumet à la pression trois fois, pour s’assurer qu’elles tiennent. Si elles passent ce test, elles sont acceptées. Ensuite, le propriétaire devra les marquer et les peindre aux couleurs de sa société, afin qu’elles soient reconnaissables et que les responsabilités puissent être situées au cas où l’une d’elle causerait un accident», explique notre interlocuteur. Qui se désole que «rien de tout cela n’est respecté». Elle souligne même qu’à la suite d’un accident récent les services compétents s’étaient déplacés chez les différents producteurs, pour constater la présence de ces bouteilles. Et qu’ils ont trouvé des unités,  chez deux entreprises : une nationale et une autre multinationale. 

UNE ALERTE LANCEE DEPUIS 2009…

Trouvant la mesure d’interdiction de ses bouteilles «juste», notre source trouve même que «c’est dommage que les autorités aient attendu qu’il y ait des accidents et des pertes en vies humaines pour réagir, alors qu’elles étaient au courant de tout». 

En effet, souligne-t-elle, le 16 février 2009, déjà, dans le journal, «Le Populaire», Lobbougaz, aujourd’hui leader dans le secteur, avait alerté à travers un des «avis aux consommateurs» publié dans un journal à l’époque,  pour  attirer l’attention sur le danger. «Lmbd recommande aux consommateurs de toujours  veiller à l’origine des bouteilles de gaz qu’ils achètent afin de prévenir tout accident, causé par des bonbonnes de marques inconnues au Sénégal et celles vieilles de plusieurs années, réformées, mais qui sont retapées et réinjectées, contre toutes normes de sécurité dans le circuit de  commercialisation», pouvait-on lire. 

L’entreprise  encourageait  les autorités à «continuer à prendre toutes les dispositions pour enrayer la présence sur le territoire national de bouteilles qui ne sont pas conformes ni aux normes de sécurité, ni à la législations sénégalaise». Et plus de 10 ans après cette alerte, le problème des bouteilles «neutres» reste entier, avec tous les risques qu’encourent les consommateurs en les utilisant sans rien comprendre de ce qui peut leur arriver. 

« UNE RESPONSABILITE DIIFICILE A SITUER  EN CAS D’ACCIDENT»

Notre interlocuteur note que cela est d’autant plus dangereux pour les consommateurs, qu’en dehors des dégâts humains et matériels que l’explosion de ces bouteilles qui ne répondent plus aux normes peuvent causer, leur «neutralité» fait qu’en cas d’accident personne ne saura qui accuser ou faire payer. «En cas d’accident, personne ne va endosser la responsabilité, parce que les bouteilles n’appartiennent à aucune des entreprises du secteur. Chaque entreprise a ses propres bouteilles, identifiables car portant ses marques et signes distinctifs. Ce qui fait qu’en cas d’accident, elle est identifiée et tenue pour responsable», soutient notre source qui tient à rester anonyme. Ce qui n’est pas le cas avec les bouteilles «neutres». «Quand ces bouteilles causent un accident au Sénégal, personne ne peut situer les responsabilités», déplore-t-il. Et le cas s’est posé plusieurs fois, comme récemment avec l’accident de Mbao. «Jusqu’à présent, ils (les autorités) ne savent pas à qui appartient la bouteille, parce que ça vient de l’étranger».

POUR 3,9% DE LA PRODUCTION, SON ABSENCE NE CAUSERA PAS LA PERTE DE 500 EMPLOIS

Pour notre interlocuteur, ces emplois et ces dépôts fermés menaient  une activité illégale et dangereuse pour les consommateurs. «Il n’y a plus de gaz de 12kg, parce qu’on  a arrêter le remplissage de ces bouteilles», informe-t-il. 

D’après lui,  la perte annoncée de 500 emplois du fait de l’interdiction des bonbonne de 12 kg est une invention. Chiffre à l’appui, il explique : «Sur les 183 683 tonnes de gaz commercialisées par an, la bombonne de 12 kg représente juste 7314 tonnes, soit 609 tonnes par mois, soit 3,9% de la production annuelle et mensuelle. D’abord, c’est très peu pour causer une pénurie de gaz. En plus, le fait de ne plus produire de bouteilles de 12kg ne peut aucunement faire perdre 500 emplois. Parce que les 12 kg sont une petite portion de leurs activités. De manière imagée, je dirai que c’est comme si on disait que les boutiques ont fermés ou les boutiquiers ont perdu leur travailleur, parce qu’ils ne vendaient plus de bougies. Comment ça peut faire perdre 500 emplois, alors que ce n’est pas l’activité  qui est perdu, mais le produit le moins représentatif de ceux produits commercialisés», dit-il. Et même si c’était le cas, notre interlocuteur trouve que ça n’enlèverait en rien la pertinence de la mesure, car il se pose un véritable problème de sécurité. «Les risques et dangers qu’il y a dans l’utilisation ces bouteilles, valent même de perdre 500 emplois, encore c’est loin d’être le cas», martèle-t-il. 

Mbaye THIANDOUM