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VERIFICATION ET VALIDATION DES PARRAINAGES: Les sept observateurs de la société civile listent des manquements et proposent des correctifs

Le groupe des sept Observateurs de la Société civile au Conseil constitutionnel a organisé hier, une conférence de presse pour lister les manquements du parrainage. Ils ont ainsi fait des recommandations parmi lesquelles donner la possibilité aux candidats qui le souhaitent de vérifier les détails des motifs de rejet et de formuler des réclamations avant la publication de la liste des candidats.

L’heure est au premier bilan du parrainage. Aux complaintes des candidats recalés qui s’estiment lésés par le conseil constitutionnel, le groupe des sept observateurs de la société civile viennent rajouter une couche. Ils ont fait le diagnostic du parrainage, non sans lister des manquements et apporter des recommandations. Face à la presse, hier, le Directeur Exécutif « ONG 3D », Moundiaye Cissé a demandé d’emblée au Conseil constitutionnel de donner la possibilité aux candidats qui le souhaitent de se déplacer au niveau du conseil pour avoir des informations sur les motifs de rejet autres que les doublons. « Je crois que c’est une recommandation forte. Donner les détails par rapport aux motifs de rejet pourrait restaurer la confiance, calmer certains candidats qui continuent à contester », a-t-il indiqué. M. Cissé estime que si le Conseil a pu montrer les détails du rejet aux sept observateurs, il peut faire autant pour les candidats recalés. Toujours parmi les recommandations, Moundiaye Cissé et Cie ont fait état de la nécessité de mettre en place, à l’avenir, au cas où le parrainage serait maintenu, une plateforme informatique qui permet aux candidats d’enregistrer directement les parrainages. « Le candidat pourrait ainsi savoir s’il y a doublon interne ou externe au moment de l’introduction des parrainages. On pouvait donc envisager si on doit continuer avec le parrainage, une plateforme qui permet aux gens d’introduire directement leurs parrainages avec la possibilité de les croiser avec un référentiel qui permet de savoir si la région est conforme ou pas, etc. » Poursuivant, Moundiaye Cissé a soutenu qu’on pouvait revoir le traitement des données en réduisant les champs dans les fichiers et en mettant le focus sur un seul champ. Ensuite, Monsieur Cissé a demandé à ce qu’on installe un dispositif de vérification pour les parrainages comme on le fait lors des recensements des votes en période électorale. Ainsi, déclare-t-il, le contrôle des parrainages pourrait se faire en présence de tous les candidats. « Comme cela, personne ne dira qu’il y a du favoritisme par ci et par là », a-t-il ajouté. Le Directeur Exécutif de l’ « ONG 3D » a également proposé à envisager un parrainage alternatif en faisant de sorte que les candidats qui ont une certaine légitimité puissent être parrainés par les députés ou les élus locaux de leur parti ou coalition. « Cela aurait permis de réduire le nombre de candidats dont les parrainages ont été rejetés », souligne-t-il.

Professeur Babacar Gueye : « Les modalités d’application de la loi sur le parrainage comportent énormément de limites »

Prenant la parole, le Professeur Babacar Gaye a soutenu que la société civile ne s’oppose pas au principe du parrainage en tant que forme de rationalisation des candidatures. Parce que, dit-il, il y a avait une tendance à l’augmentation du nombre des candidatures d’où la nécessité de rationnaliser tout cela. Toutefois, précise-t-il, ils ont toujours souhaité que le parrainage soit largement discuté pour que tous les acteurs parviennent à un consensus sur les modalités de ce parrainage. « Nous avons rencontré le président de la République pour lui demander de reporter la loi qu’il avait, à l’époque, fait déposer à l’Assemblée nationale. Malheureusement, nous n’avons pas été suivis. Et par la suite, le parrainage a été imposé à l’Assemblée nationale sans débat. Nous l’avons toujours déploré.  Nous aurions souhaité que les modalités du parrainage soit le produit  d’un consensus. Nous entrevoyions à l’époque ce que nous avons vécu lors de ce parrainage. » Pour lui, les modalités d’application de la loi sur le parrainage comportent énormément de limites. «  Il va falloir la revoir de fond en comble, la réviser et la rendre beaucoup plus acceptable pour ensuite adopter une loi, la plus consensuelle possible», a préconisé le professeur Babacar Gueye. Abordant la question de l’exploitation des fiches de parrainage par le conseil constitutionnel, il soutient que ce dernier n’a pas violé la loi en faisant fi des fiches de parrainages. Selon lui, la juridiction constitutionnelle n’a pas violé la loi en exploitant pas les fiches. « Ce n’est pas une obligation. Le conseil pouvait juste, le cas échéant, recourir à la version papier des fiches de parrainage lorsqu’il le juge nécessaire », a-t-il défendu. Les sept observateurs de la société civile promettent ainsi de poursuivre l’évaluation de façon approfondie avec un communique final à terme. Il s’agit de Waldiodio Ndiaye, coordonnateur « Sunu élection », Pr Babacar Guèye président du Collectif des organisations de la Société civile, Moundiaye Cissé de l’ONG 3D, Abbé Alphonse Seck Directeur exécutif de Caritas Sénégal, Magip Ndiaye du  Pacte, Maïmouna Dieng de la plateforme des acteurs non étatiques  et Rokhaya Gassama du Cosef.

( Seydina Bilal DIALLO )