Mi-mandant: Midterms aux Etats-Unis: les défis qui attendent maintenant le parti démocrate
Le parti démocrate a ravi, mardi 6 novembre, aux républicains la majorité à la Chambre des représentants lors des élections de mi-mandat. Mais si cette nouvelle majorité doit lui permettre de s’opposer au programme du président, le parti va devoir manoeuvrer avec un Sénat toujours républicain et surmonter certains tensions en interne.
Après deux ans d’une présidence Trump qui a profondément divisé les Américains, les démocrates ont promis d’employer leur nouvelle majorité à la chambre basse, à partir de janvier 2019, pour servir de « contre-pouvoir ».
Mais ils ont aussi semblé tendre la main à l’autre camp. Leur chef à la Chambre, Nancy Pelosi, a promis d’œuvrer pour trouver « des solutions qui nous rassemblent, car nous en avons tous assez des divisions », avant de citer ses priorités : la protection de l’assurance maladie et les infrastructures. Des domaines sur lesquels une coopération est possible avec la Maison Blanche, explique notre correspondante à Washington, Anne Corpet.
Mais les démocrates vont vouloir aussi montrer les dents surtout que de jeunes élus situés à la gauche du parti arrivent à la chambre. Le parti va prendre la tête des commissions parlementaires, qui ont un pouvoir d’enquête étendu : les démocrates pourront tenter d’obtenir la déclaration fiscale que le président a toujours refusé de fournir, enquêter sur les conflits d’intérêt de la famille Trump, élargir le champ d’investigation du procureur Mueller. Bref : mener une sorte de guérilla parlementaire.
Qui plus est, en prenant la tête de la chambre basse, l’opposition s’offre aussi la possibilité de lancer une procédure de destitution contre le président américain. L’état-major démocrate a laissé entendre qu’il était réticent à déclencher cette option explosive, probablement vouée à l’échec dans un Sénat républicain, qui a le dernier mot.
Volonté de renouvellement
Reste à voir si la jeune garde progressiste fraîchement élue tiendra les rangs, portée par le fort désir de renouvellement qui agite le parti. Une pression qui pourrait jouer en défaveur de Nancy Pelosi, critiquée dans ses propres rangs. Car malgré le succès de son parti, il n’est pas garanti qu’elle soit élue au perchoir.
Plusieurs dizaines de candidats démocrates ayant dit avant le scrutin qu’ils s’opposeraient à sa candidature. Au cœur de ces dissensions internes : la désaffection d’une grande partie de l’électorat. Selon un sondage diffusé en août, près de trois quarts des personnes interrogées appelaient les démocrates à se choisir un autre chef pour la Chambre.
Face à un Sénat républicain
Mais au-delà des tensions au sein même du parti, les combats des démocrates au Congrès risquent d’être compliqués à mener. Car en maintenant le contrôle du Sénat, les républicains gardent notamment la main sur les confirmations des nominations présidentielles à la Cour suprême. Les deux chambres devront s’accorder sur le budget, ce qui promet d’âpres batailles.
Lui qui n’est jamais aussi convaincant que dans les combats, Donald Trump pourrait trouver dans les luttes au Congrès un terreau fertile pour sa campagne de réélection en 2020.
♦ Les nouveaux visages démocrates
La reprise de la Chambre des représentants est une précieuse victoire qui permet de faire émerger un Congrès plus jeune, plus féminin et plus représentatif de la diversité américaine.
En témoigne l’élection dans le Michigan et le Minnesota de deux trentenaires musulmanes qui font pour la première fois leur entrée au Congrès : l’avocate Rashida Tlaib, de parents réfugiés palestiniens, et la militante Ilhan Omar, née en Somalie. Cette dernière a fui la guerre à l’âge de huit ans et vécu enfant dans des camps de refugiés avant d’émigrer aux États-Unis. Située à la gauche du parti démocrate, elle prône une éducation gratuite, une réforme du système judiciaire et un accès au logement pour tous.
Large victoire également de la nouvelle sensation de l’aile gauche du parti démocrate. À 29 ans, Alexandria Ocasio-Cortez devient la plus jeune élue du Congrès. Fille d’une femme de ménage portoricaine, elle a mené une campagne très à gauche, pro-immigration, tout en refusant les financements des grands donateurs habituels.
C’est aussi la victoire, pour la première fois, d’une Amérindienne homosexuelle, Sharice Davids, sur les terres conservatrices du Kansas. Et dans le Colorado, un démocrate Jared Polis devient le premier gouverneur ouvertement homosexuel. Il a d’ailleurs deux enfants avec son compagnon.
( Par rfi )