LA CHRONIQUE DE MLD: Une diplomatie en panne et une image à reluire…Par Mamadou Lamine DIATTA
Mauvais temps pour la diplomatie sénégalaise dans un contexte géopolitique et géostratégique délicat marqué par un environnement économique difficile pour un pays en proie à de sérieux problèmes de liquidités.
Tout part d’une vidéo virale de Madame le ministre de l’intégration africaine et des affaires étrangères récemment en séjour en Mauritanie voisine. Madame Yassine Fall est visiblement confrontée à de réels problèmes d’élocution, de structuration du discours et donc forcément son narratif est peu lisible et peu convaincant. Pour une cheffe de la diplomatie, il s’agit sûrement d’une situation pas du souhaitable d’autant que de nos jours, une communication maîtrisée basée sur le choix d’éléments de langage clairs fait partie des fondamentaux pour mieux positionner et vendre son pays à l’international. Clairement !
Entendons –nous bien, les problèmes de communication de Madame Yacine Fall n’ont rien à voir avec des doutes quelconques sur son pedigree, son cursus encore moins son parcours professionnel. Surtout qu’elle a fait de belles humanités notamment dans des universités américaines comme Howard – Washington- mais c’est plus subtil car cette économiste parfaitement bilingue et bien connue du système onusien pour y avoir travaillé n’est visiblement pas à l’aise avec la diplomatie.
Elle a les compétences pour sûr mais a – t-elle les prédispositions et le profil de l’emploi pour ce poste aussi stratégique qui expose au quotidien son détenteur ? Une autre paire de manches. C’est connu, certains sont super doués dans la conception et l’écriture et perdent tous leurs moyens dès que les spotlights de l’actu et les micros de présentent devant eux. On ne se change pas. Il est évident également qu’il ne s’agit point de comparer l’actuel ministre des affaires étrangères à ses illustres prédécesseurs car comparaison n’est pas raison. Tout de même, pour tout observateur averti, difficile de ne pas prendre en considération le bagout et l’aura de profils comme Seydina Oumar Sy, Me Doudou Thiam ou encore Cheikh Tidiane Gadio sans oublier d’autres comme Me Sidiki Kaba et la dernière à occuper le poste sous le pouvoir précédent Me Aissata Tall Sall en l’occurrence.
Au regard de ce qui précède une question nous turlupine : l’actuelle ministre des affaires étrangères ne serait-elle pas plus utile ailleurs dans le cadre d’un réaménagement de l’organigramme gouvernemental ?
C’est l’image du pays, son rayonnement et sa brillance qui sont exactement en jeu. Un ministre des affaires étrangères n’est pas un ministre comme les autres.
Outre les compétences, l’individu doit avoir de la prestance et de réelles capacités en termes de communication et d’art oratoire. L’idée n’est pas d’être un brasseur de vent comme on en voit ici et là mais de savoir persuader, convaincre et rallier les divers interlocuteurs à sa cause.
C’est un poste très délicat.
Pas de sentiment à l’image des États qui n’ont pas d’amis mais que des intérêts pour paraphraser le Général De Gaulle.
L’idée n’est pas de jeter le ministre en pâture à l’opinion publique mais les conseillers des affaires étrangères sont réputés assez conservateurs et il faudrait au moins faire autant qu’eux pour se faire accepter dans ces milieux feutrés.
Grosso modo, au- delà de Yacine Fall porte étendard actuel de ce domaine névralgique, il ya beaucoup de fritures sur la ligne internationale avec ces nombreuses déconvenues essuyées dernièrement par ce Sénégal qui a toujours été reconnu comme un Lion diplomatique.
Maintenant il faut également savoir faire la part des choses.
Est-ce qu’il faudrait analyser la lourde défaite d’Augustin Senghor à l’élection- Fifa comme une manifestation de la panne diplomatique actuelle ? Possible.
Idem pour la défaite de Seydina Diagne actuel secrétaire général du CNOSS à la présidence de l’Acnoa…
Tout au plus, ces candidatures devraient être encadrées et coachées par des diplomates de carrière…Et les responsabilités sont partagées.
Dans les deux cas d’espèce, il ya visiblement de sérieux problèmes de coordination entre les Fédérations, le ministère des sports et celui des affaires étrangères. Ya-t-il eu des réunions formelles pour définir une stratégie de positionnement de ces figures sportives à l’international ?
En guise de remède de cheval, l’urgence d’une réelle reprise en main de la diplomatie sénégalaise est incontestable.
À l’aune de la sérieuse candidature de notre concitoyen Amadou Hott à la Présidence de la Banque africaine de développement (BAD), il faut se ressaisir rapidement et travailler à trouver la bonne alchimie et la meilleure carburation. Le Sénégal a l’obligation de faire bonne figure en mai prochain à Abidjan lors des assemblées générales de l’Institution financière panafricaine. Clair et net. On comprend d’ailleurs l’implication personnelle du Président Bassirou Diomaye Faye qui a récemment profité du sommet de l’Union africaine tenu à Addis-Abeba pour se transformer en VRP de luxe et vendre l’image du candidat sénégalais. Le Mauritanien Sidy Ould Taha parrainé par le Président ivoirien demeure le candidat le plus à même d’inquiéter Hott dans sa quête de gloire. Mais avec une stratégie intelligente basée notamment sur le ralliement massif des pays non-régionaux à sa cause, le
Sénégal devrait sortir la grosse artillerie pour déployer une véritable machine diplomatique comme il sait si bien le faire. Croisons les doigts !