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RUÉE VERS L’OR À KÉDOUGOU : la fâche cachée de l’orpaillage traditionnel à Bantako

L’orpaillage reste au cœur des activités économiques et sociales de la région de Kédougou et intéresse toutes les franges de la population rurale dont celle de Bantako, village situé à 32 km de la ville.

C’est une activité de survie qui résulte de la paupérisation soutenue de populations confrontées aux difficultés économiques récurrentes. Bien qu’il soit difficile d’établir des statistiques sur cette activité largement informelle et souvent occasionnelle, il est aujourd’hui probable qu’au moins plusieurs milliers de personnes soient directement et régulièrement impliquées dans l’orpaillage qui vit les derniers jours d’une pratique ancienne, vieille de plusieurs siècles. Cependant au niveau des placers (une exploitation de mines d’or, de métaux précieux…) ou «Dioura» en Diankhanké langue dérivée du Mandingue, cette activité n’est pas sans générer des comportements déviants tels que la prostitution légale et celle clandestine, facteur de propagation du VIH-SIDA, des problèmes sociaux et environnementaux. Menacé par les grandes industries minières et l’introduction des nouvelles technologies dans le traitement du minerai, cet orpaillage traditionnel est également à l’origine de la dégradation de l’environnement en plus de certains risques sanitaires liés à cette pratique traditionnelle.

50 000 orpailleurs  Recensés 

Aujourd’hui, le nombre d’orpailleurs sur les différents sites recensés est estimé à plus de 50 000 personnes. Certaines d’entre elles viennent des pays limitrophes comme la Guinée, la Côte d’Ivoire, le Mali, la Gambie, le Burkina Faso, le Ghana, le Libéria…

Orpaillage , Drogue et Prostitution font bon ménage 

Pour se donner du courage, les orpailleurs jeunes et adultes, consomment de l’alcool, des amphétamines, des stupéfiants ou inhalent de la colle. C’est ainsi que l’usage des stupéfiants, l’escroquerie, le banditisme et même la criminalité ont tendance à s’y développer. Les vols, les escroqueries et parfois les agressions sont monnaie courante sur les sites d’orpaillage, ce qui explique les récurrentes bagarres souvent ensanglantées. Aucune structure étatique pouvant assurer la protection de la libre circulation des biens et des personnes n’est sur place. Les places communément appelées «dioura» font figure de «no man’s land».

Sites aurifères ou la bonne chaire à bon marché

 

La prostitution clandestine, et ou semi-ouverte, est un phénomène en constante développement. Au village de Bantako tout à fait à l’Ouest, les tentes communément appelées «cabanon» à l’image d’un camp de réfugiés, poussent comme des champignons. Les filles, pour la majorité des étrangères, habitent dans des chambres de fortune qui servent en même temps de dortoir et de «chambre de passes». Ces filles fréquentent les bars transformés pour la circonstance en dancing parmi lesquels «Marsala Bar», «Ijah Bar», «Rouso Bar» en allusion à son propriétaire qui a la peau «rouge». En cette période hivernale, c’est la ruée vers Bantako à cause d’importants gisements d’or découverts dans cette zone. Ces filles qui s’adonnent à la prostitution investissent chez elle en envoyant fréquemment de l’argent. Certaines préfèrent épargner dans les banques de la place. Lover, ghanéenne qui pratique la prostitution depuis plus de deux ans à Bantako s’est confié à nous, dans son «cabanon» bien décoré avec des pagnes aux couleurs défraîchies. «Je suis coiffeuse de profession et j’ai cinq frères et quatre sœurs. Ce que je gagnais avec la coiffure au pays ne me permettait pas de prendre en charge ma famille. Mon frère est un vieux paysan. Du jour au lendemain, des amies qui sont venues ici à Kédougou ont construit chez elles, aidé leurs familles en envoyant périodiquement de l’argent. C’est par le biais de l’une d’elles que je suis venue à Kédougou. A mon arrivée, j’ai vite compris comment la majorité des filles gagnaient leur vie. Et pour survivre et soutenir toute une famille, je me suis vite lancée dans la prostitution qui marche très bien ici. Je signale que j’ai pris les précautions sanitaires nécessaires pour ma protection. J’ai mon carnet sanitaire et respecte les règles car le VIHSIDA est une réalité ici.»

A Bantako, la prostitution nourrit bien sa « femme »

 

Ici, la prostitution nourrit bien sa…femme. Le prix du plaisir varie. Selon le client, il peut être 20 000, 30 000, 50 000, 100 000 FCfa, voire plus. «Il arrive, révèle Lover qu’un client m’offre beaucoup d’argent pour une nuit ou un week-end. Parfois, c’est pour tout le mois et là croyez-moi, je peux me retrouver entre 800 000 et 1 500 000 F Cfa. Toutefois, il y a des périodes de vaches maigres où la passe varie entre 2000 et 10 000 F. Pour sécuriser mon argent, je me rends périodiquement à la banque à Kédougou soit pour épargner soit pour envoyer de l’argent via les services de transfert d’argent. J’ai également une clientèle à Kédougou où je vais très souvent à la demande du client», raconte-t-elle. Très fière d’elle, elle conclut : «Grâce à l’argent gagné avec le plus vieux métier au monde, ma famille est à l’abri du besoin. Mes frères et mes sœurs continuent leurs études. Mon frère n’a plus besoin de travailler pour vivre.» Les zones d’orpaillage attirent de nouvelles catégories de personnes avides d’argent : les femmes commerçantes des marchés hebdomadaires (qui sont d’ailleurs très mobiles), les trafiquants de drogue, les vendeuses d’eau et de beignets, les vendeurs de bière locale (bandji ou béssou), les restauratrices, etc. Ces catégories développent une forme de prostitution clandestine ou semi-ouverte, de peur d’être sanctionnées. Une autre forme de prostitution plus répandue et certainement plus détendue parce que se pratiquant au sein des villages abritant les sites, existe . En plus du phénomène des mineures prostituées occasionnelles sollicitées par des jeunes et des adultes. Toutes ces pratiques favorisent la recrudescence des maladies sexuellement transmissibles (MST). La promiscuité combinée à l’effet de la chaleur et de l’effervescence favorise les rencontres occasionnelles et engendre une sexualité débridée surtout de la part des jeunes. Aux heures de détente, certains orpailleurs s’engouffrent dans les «nafa» ou tentes généralement confectionnées avec du bois et de la paille pour s’envoyer au ciel avec les femmes ou avec du chanvre indien «pour rester en forme et supporter l’étroitesse des murs», expliquent-ils. «La vie dans les dioura a ses réalités. C’est plutôt une affaire d’hommes. Personnellement, je suis marié, ma femme et mes enfants sont chez nous. Je peux rester plus de six mois sans aller chez moi. Mais j’ai une copine qui vit ici. Elle s’appelle N. G., elle est guinéenne et fait en même temps du commerce et restauration. Je passe presque toutes mes soirées avec elle, mais nous ne vivons pas en concubinage. Je suis obligé de satisfaire ses besoins en lui donnant de l’argent car, comme vous avez dû le remarquer, l’argent circule à flot ici et les prétendants ne manquent pas. Donc si je veux rester avec elle, je suis obligé de casquer fort», affirme Dian Diallo, un orpailleur. Dans les «dioura», surtout à Bantako, après les filles sénégalaises, les étrangères les plus présentes sont les guinéennes à cause de la proximité des deux pays. Suivent les ivoiriennes, les ghanéennes, les nigérianes, les burkinabè, les maliennes… Au début, ces étrangères surtout les guinéennes, venaient pour travailler et gagner de l’argent à la régulière. Elles s‘activaient dans la restauration, le commerce et dans certaines tâches ménagères mais n’ayant pas les moyens ou le budget nécessaire pour démarrer leurs activités, elles s’adonnent clandestinement à la prostitution, le temps d’avoir de l’argent pour démarrer leur business. Argent facile oblige, une fois dans le milieu de la prostitution, certaines filles ont du mal à l’abandonner. Issues de familles démunies, ces filles bossent dur pour entretenir leurs familles restées au pays. Cette population d’hommes et de femmes de tous les âges est constituée d’acheteurs d’or, de restaurateurs, de puisatiers, de laveurs, de forgerons, etc. A l’image de N.G.Diallo qui a monté son propre business, un retour à une vie décente est possible. Elle se confesse :« Je suis l’aînée d’une famille très pauvre, 4 sœurs 5 frères et j’ai été à l’école jusqu’en classe de troisième. Au début, je suis allée à Bantako pour effectuer quelques travaux ménagers. J’avais du mal à joindre les deux bouts, et par l’entremise d’une amie je me suis retrouvée clandestinement dans la prostitution. C’est ainsi que j’ai fait la connaissance d’un orpailleur burkinabé du nom de Gilbert qui m’a beaucoup épaulée, beaucoup soutenue. Avec l’argent gagné, j’ai construit la maison de mes parents, payé les études de mes frères et sœurs et acheté un terrain pour construire ma propre maison. J’ai aussi ouvert un salon de coiffure et investi dans le commerce».

l’orpaillage vecteur de propagation des IST

Selon des associations et des ONG, ces milliers de femmes et d’hommes venus chercher fortune dans les mines d’or autour de Bantako, Khossanta, Tenkoto, Kédougou, etc, une vaste zone aurifère située à 750 km de Dakar, favorisent l’augmentation du taux de prévalence du VIH dans cette partie du pays. «L’or favorise l’accroissement du taux démographique des villages mais également des cas de Sida. En effet, le taux de prévalence du sida de 3,5%, dans la région de Kédougou, qui fait à elle seule cinq fois le taux de prévalence national qui est de 0,7%, est élevé et très inquiétant. Avec ces chiffres partiels, les populations isolées et sous-informées ne sont pas à l’abri des risques de contamination. Dans certains villages aurifères, le Sida touche en majorité des filles, âgées de 16 à 24 ans. Malgré les moyens mis à la disposition du personnel médical et des associations de lutte contre le VIH-SIDA, l’orpaillage réunit toujours des conditions de propagation de l’épidémie», souligne le représentant d’une ONG. A en croire notre interlocuteur, qui a préféré garder l’anonymat, dans les zones aurifères, une bonne partie des habitants et des étrangers à la recherche de l’or n’ont pas accès à l’information liée aux modes de prévention et transmission du VIH-SIDA. En plus, il y a des croyances et représentations socio-culturelles et mentales des populations qui bloquent les esprits.

Pour que le Génie libère l’or, il faut être souillé

 

«Les populations dans les zones aurifères sont très conservatrices et le sexe y est tabou», soutient notre confident. «Il est formellement interdit d’en parler en public en plus d’une certaine méfiance qui entoure les gens. Dans certaines zones, les populations ne savent même pas ce que c’est le Sida. Il y a un manque criard d’informations sur le VIH-SIDA. Avec la mobilité des orpailleurs dans ces zones rurales, les jeunes célibataires pour la majorité s’adonnent à leur guise à une sexualité débridée. Pour gagner davantage de l’argent, les orpailleurs ont recours souvent à des croyances souvent très dangereuses pour leur santé et la survie des communautés. Pour eux, l’esprit des génies plane et se cache dans les sites, et la pratique de ces croyances incite ces génies à libérer l’or. Le must pour un orpailleur, c’est d’avoir une conjonction avec une jeune fille vierge. Et toutes ces pratiques favorisent une débauche chez les jeunes et les rendent vulnérables au VIHSIDA», conclut ce représentant d’une ONG. Sur les sites, l’orpaillage traditionnel favorise très souvent des risques impactant souvent sur l’environnement et la santé des populations rurales. Au niveau de ces sites, selon un agent des eaux et forêts à Kédougou, les normes d’exploitation au plan de la santé, de la sécurité et de l’environnement et le suivi des activités minières sont quasi inexistantes. «En plus de l’absence des lois et règlements précis sur la question, l’aspect informel de l’orpaillage traditionnel ne milite aucunement en faveur de sa réglementation. L’orpaillage dégrade et appauvrit le sol. Pis, il favorise l’érosion et l’épuisement progressif des sols, la dégradation des forêts et la dissémination de la faune. Le niveau de paupérisation et de précarité justifie souvent l’orpaillage traditionnel, activité de survie malgré les conséquences néfastes pour l’environnement», explique cet agent forestier. Cependant, la dégradation de l’environnement favorise également certaines maladies contractées sur les sites d’orpaillage. Selon les autorités sanitaires, «outre les infections sexuellement transmissibles (Ist), les maladies les plus courantes enregistrées sont surtout le paludisme, les diarrhées et les infections respiratoires (Ira). Il est également noté sur ces mêmes sites, le péril fécal et le ver de Guinée.» Les risques relatifs à l’orpaillage sont souvent liés aux dures conditions de travail et aux accidents sur les sites d’orpaillage d’après Sékou Diarra, orpailleur à Bantako. «Les conditions de travail sont souvent à haut risque et très pénibles pour les femmes et les enfants toujours présents dans les aires de traitement. On assiste très souvent à des accidents mortels liés à l’extraction dont les causes sont l’éboulement, l’affaissement de terrain, l’asphyxie, ou l’éruption soudaine d’eau dans les trous. L’exposition aux poussières de roche, aux vibrations, la pollution due à l’utilisation du mercure… sont sources d’accidents et de risques sur les sites. Pis, sur les sites, l’accès à l’eau potable et aux infrastructures socio-sanitaires de base constituent un casse-tête pour les populations dans ces zones rurales», regrette Sékou Diarra.

Méthodes et techniques d’orpaillage, les différentes techniques d’exploitation

 

L’exploitation alluvienne consiste à traiter les débris de roches transportés par un cours d’eau et déposés dans les régions les plus basses pour qu’ils se fertilisent. Avec ces débris, les femmes font des monticules de terre aurifère, qu’elles tamisent, afin de séparer les pépites du sable. On retrouve ces types d’exploitation sur les sites de Bantako, Laminia, Tomboronkoto, Mako… Contrairement à l’exploitation de type alluvionnaire, celle dite exploitation filonienne est plus libre car ne procédant à aucune forme particulière d’organisation, mais également mieux coordonnée, et obéit à une réglementation. Elle consiste à délimiter une surface sur le site, et à creuser un trou-mine à dimensions variables, afin de trouver la roche, et de procéder à son exploitation. Seulement, c’est un travail fastidieux qui nécessite beaucoup d’efforts physiques. C’est pourquoi on ne rencontre pas de femmes dans ce type d’exploitation. Ces types d’exploitation sont rencontrés à Tenkoto, Khossanto, Bantako, Sabodala, etc. Cependant, les orpailleurs ne respectent pas la législation limitant la profondeur d’un puits à 10- 15m. La roche ne pouvant pas être localisée de manière aléatoire, certains orpailleurs suivent son cheminement et peuvent atteindre 30 m de profondeur avant de poursuivre le creusement latéral.

Les instruments utilisés dans l’orpaillage

Les problèmes liés à l’extraction et au traitement de l’or se matérialisent encore aujourd’hui par des méthodes d’extraction et de traitement rudimentaires et des outils très simples tels que des pelles, des piques, des pioches, des seaux, des calebasses et des pièces métalliques diverses. Cet équipement de fortune traduit parfaitement la faiblesse des moyens. A part la zone-semi industrielle de Sabodala par exemple, l’intervention d’engins lourds dans l’orpaillage traditionnel est exceptionnelle. Pis, aucun site n’est exploité de façon rationnelle ou réglementaire. Selon Biraké Keïta, notable à Bantako, les carences techniques sont dues à la fois à l’absence de moyens et au manque d’ouverture culturelle mais aussi à la forte incapacité à surmonter les problèmes et à innover pour aller vers plus de productivité, de rentabilité et surtout de sécurité. «L’utilisation et l’introduction progressive d’un minimum de technologie devient nécessaire pour améliorer le rendement et la productivité car le matériel mis à la disposition des artisans n’est souvent pas adapté aux rendements exigés. Aussi, l’utilisation du matériel technique est individualiste contrairement aux pratiques communautaires dans l’orpaillage traditionnel. Avec un faible revenu journalier, l’orpailleur n’a pas les moyens d’investir dans l’équipement lourd. Les effets néfastes de l’orpaillage ont longtemps été mis en avant par les pouvoirs publics impliqués dans la problématique du développement et la protection de l’environnement. L’exploitation minière artisanale se pratique sur une centaine de sites, procurant ainsi des revenus à des milliers de personnes vivant principalement en milieu rural, mais comporte d’énormes inconvénients notamment sur la santé humaine, l’environnement et les ressources naturelles. Elle contribue également à vider les établissements scolaires de leurs élèves, qui doivent aider leurs parents dans le «dioura», ce qui conduit forcément à une baisse du taux de scolarisation dans les zones d’exploitation.

L’organisation du site d’orpaillage

 

Les sites ont leurs règles que tout orpailleur accepte d’avance en venant s’y installer. L’accès au site est ouvert à tous, à condition de se soumettre aux règles édictées. Caractérisé par des pratiques coutumières, pour Fadiala Keita, chef de «dioura», l’orpaillage est d’une rigueur qui frappe impitoyablement tous les délits commis sur les sites. Il en énumère les interdits : «Les rapports sexuels sur les sites, les vols, l’accès des cordonniers aux sites, l’introduction du chien dans les sites en activité, le travail sur les sites les lundis, la présence des forgerons dans le dioura.» Ces interdits ont une symbolique ancrée dans la conscience collective des populations. «Malgré l’évolution plus ou moins technique de l’orpaillage, les rites et traditions de pureté continuent d’occuper une place importante dans l’organisation et la pratique de l’orpaillage aujourd’hui», précise-t-il. Après l’agriculture, l’orpaillage est la deuxième occupation des populations dans les zones rurales de Kédougou. Pendant la morte saison, l’orpaillage occupe une majorité de personnes autour des «dioura».

La pratique mythique autour de l’orpaillage

La pratique de l’orpaillage est une activité presque mythique où l’espoir du gain rapide suscite un engouement populaire et justifie les logiques de survie individuelle et familiale. Elle est au cœur de toute activité économique et sociale dans les différentes zones d’orpaillage. Les orpailleurs mandingues, particulièrement les diakhankés, considéraient donc l’or comme une propriété des génies. L‘offrande était proportionnelle à la quantité d’or trouvée, il pouvait s’agir d’un coq, d’une chèvre ou même d’un œuf. Selon Bangaly Keïta, orpailleur à Bantanko, la réglementation coutumière interdit l’exploitation de l’or le mardi et le vendredi, considérés comme des jours «chauds», pendant lesquels les génies détenteurs du métal précieux circulaient et veillaient sur leur bien. Cet argent gagné dans l’orpaillage pouvait d’ailleurs être source de malheur compte-tenu de son origine maléfique. Les revenus tirés de cette activité étaient souvent consacrés à des dépenses ostentatoires (rachats de vélo, de poste de radio, d’habits, etc.), mais rarement réinvestis dans le bétail ou le matériel de production agricole, qui manquait tant. Le chef de mine, en accord avec les notables, décide de faire un grand sacrifice pour les raisons suivantes : découvertes d’un nouveau site, chien aperçu sur la mine, présence d’un homme un lundi ou sifflement durant le travail. Pour écarter le diable, le sacrifice est nécessaire. Il demande une somme symbolique par puits. Suivant l’importance de la mine, l’animal choisi est un mouton ou plusieurs taureaux. Ces animaux domestiques sont sacrifiés au milieu du dioura et le sang répandu sur les puits», prescrit Bangaly Keïta. Avec la découverte des gisements d’or un peu partout dans cette partie orientale du pays, le verrou social a complètement disparu. Les «castés» qui occupaient le bas de la hiérarchie sociale ont, grâce à l’argent gagné dans l’or, connu une ascension sociale. Ils ont monté leur propre business (des salons de coiffure, commerce) et sont parvenus même à recruter. La réussite sociale que leur confère l’or a permis à ces personnes de s’affirmer et d’être des modèles de réussite pour la société.

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