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Economie: après Moody’s, S&P Global Ratings abaisse la note souveraine du Sénégal en raison de déficits budgétaires révisés à la hausse

S&P Global Ratings a dégradé la note de crédit souverain à long terme du Sénégal, la faisant passer de ‘B+’ à ‘B’, tout en maintenant la note à court terme à ‘B’. Cette décision fait suite à une annonce du gouvernement sénégalais révélant que « les données budgétaires et d’endettement des quatre dernières années étaient sous-estimées ». Ce qui a entraîné une révision drastique des chiffres.

Les nouvelles données révélées par les autorités montrent que les déficits budgétaires entre 2019 et 2023 sont désormais estimés à un niveau deux fois plus élevé que les prévisions initiales. Ainsi l’agence de notation prévoit un endettement atteignant 106% du PIB en 2024, soit une augmentation de 32 points de pourcentage par rapport aux estimations précédentes. Cette réévaluation s’explique par la prise en compte de prêts externes et nationaux jusque-là non déclarés, destinés au financement de projets d’investissement.

Face à cette situation, le gouvernement sénégalais a annoncé un plan d’ajustement fiscal, incluant une meilleure gestion des finances publiques et un renforcement des contrôles institutionnels.

Toutefois, S&P Global Ratings anticipe des déficits budgétaires avoisinant 6,5% du PIB entre 2025 et 2028, avec une dette se maintenant aux alentours de 100% du PIB, ce qui réduirait la marge de manœuvre budgétaire du pays, indique investing.com et financial Afrik.

La dégradation de la note s’accompagne d’une perspective négative, reflétant les doutes de S&P Global Ratings quant à la capacité du Sénégal à exécuter efficacement sa stratégie de consolidation budgétaire. L’agence craint que « des risques significatifs de mise en œuvre compliquent les plans de financement du pays. »

Le gouvernement du Sénégal après la publication du rapport de la Cour des comptes a réagi en annonçant un objectif ambitieux de réduction du déficit à 3% du PIB d’ici 2027, soit une baisse de 8 points de pourcentage par rapport à 2024. Le budget 2025, adopté en décembre 2024, prévoit une première réduction du déficit à 7% du PIB, contre 7,52% en 2024. Cette trajectoire repose sur des mesures d’augmentation des recettes, notamment des hausses d’impôts et une réduction des exonérations fiscales.

Cependant, S&P Global Ratings estime que « la concrétisation d’un ajustement budgétaire aussi important sera difficile dans les délais fixés. » L’agence pointe du doigt une gestion budgétaire fragile et un écart récurrent entre les dépenses prévues et les dépenses réelles, éléments susceptibles de compromettre les efforts de redressement.

Des échéances de remboursement serrées

Outre ces défis budgétaires, le Sénégal fait face à d’importantes échéances de remboursement en 2025 et 2026, notamment en raison de l’amortissement des Eurobonds arrivant à échéance en 2028. Pour faire face à ces obligations, le gouvernement explore de nouvelles sources de financement. Parmi les solutions envisagées : « un potentiel accord avec le Fonds Monétaire International (FMI) d’ici juin 2025, un soutien budgétaire de 300 millions de dollars de la Banque mondiale, dont le versement est attendu à la même période. »

À en croire les médias, « S&P Global Ratings pourrait réduire davantage la note si les tensions financières du Sénégal s’accentuent, notamment en cas de difficultés d’accès aux financements ou de retards dans la mise en œuvre de l’ajustement budgétaire. » À l’inverse, une amélioration des perspectives économiques et une croissance plus forte que prévue pourraient stabiliser la note en facilitant la réduction des déficits et des besoins de financement du gouvernement.

La prochaine évaluation de la note souveraine du Sénégal par S&P Global Ratings est attendue le 16 mai 2025.

Avec Emedia