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LA CHRONIQUE DE MLD: Une économie en berne, des ménages au bout du rouleau…Par Mamadou Lamine DIATTA

Dix mois après la prise du pouvoir par Pastef, les Sénégalais sont fatigués. On constate de visu un pays quasiment bloqué, du moins sur le plan purement économique.
On n’a même pas besoin de sortir d’ HEC pour comprendre les difficultés existentielles que rencontrent actuellement les familles sénégalaises du fait de la rareté de cet argent-roi qui ne circule pas…Alors pas du tout !
Les ménages sont éprouvés. La flambée des prix des denrées de consommation courante de même que la cherté du carburant et la hausse déguisée du coût de l’électricité sont passées par là.
La micro -économie, c’est donc cette économie réelle qui se décline actuellement en révélateur de désastre.
Beaucoup de drames sociaux avec à la clé des contrats et conventions suspendus au détriment de la presse mais également dans beaucoup de structures administratives comme les sociétés nationales et les agences.
3000 postiers en désarroi dont plus de 300 contrats non renouvelés…Idem pour le Port autonome, poumon économique du pays où près de 700 emplois n’ont pas été renouvelés.
Une hérésie au moment où la promotion d’emplois massifs, la création de richesses et la redistribution au sein des couches défavorisées devraient être l’un des chantiers prioritaires du nouveau régime.
Sans oublier ces entrepreneurs en général, des Pme en particulier, qui réclament le paiement des mandats par le trésor public…
Globalement, la sempiternelle problématique de la dette intérieure reste entière.
Rien que pour les Btp il s’agit d’une manne financière de 300 milliards cfa. Sans oublier cette perte de l’ordre de 12,5% du chiffre d’affaires dans le secteur stratégique de la construction à en croire le dernier bulletin de l’ANSD. Même les boulangers bandent les muscles en réclamant un accompagnement de l’Etat pour une suppression des taxes sur des intrants comme la levure et le blé.
Il est évident également que sur le plan macro-économique, les premiers actes posés par le pouvoir Pastef ne sont pas de nature à rassurer les investisseurs.
Surtout que force est de constater qu’il ya eu trop de menaces, trop de déclarations à l’emporte- pièce, trop d’invectives de la part de gouvernants censés rassurer tout le monde.
Lorsqu’on est aux affaires, le ton doit être posé, fédérateur voire conciliant. Evidemment sans faiblesse aucune. L’art de la subtilité.
Dans le dossier délicat Aqua Power, le Sénégal s’est malheureusement mis à dos les puissants Saoudiens par la faute d’un ministre de l’hydraulique qui n’a pas fait preuve de tact en déclarant urbi et orbi la rupture du contrat signé avec la société saoudienne relativement à la construction d’une seconde usine de dessalement d’eau de mer. Quelle maladresse de fâcher des Saoudiens sur qui les pays africains comptent exclusivement pour lever des fonds auprès des partenaires comme la BADEA et surtout la Banque islamique de développement (BID). Un peu comme avec le régime de Me Wade qui avait pris la décision hasardeuse et malencontreuse de casser le contrat signé avec le géant indien Mittal. Une fois aux affaires, le régime Macky Sall avait cru bon de reprendre les négociations avec Mittal et finalement l’Etat du Sénégal avait perdu pas mal d’argent dans l’affaire. Autrement dit, rien de nouveau sous le soleil d’un régime à un autre. Juste pour dire qu’il faut être prudent avec les multinationales. Au nom de la continuité de l’Etat, un nouveau pouvoir est obligé d’accepter la mort dans l’âme certains passifs. C’est de la Real Politik. Et cette forme de « jambarisme » de mauvais aloi n’a jamais rien réglé.
Il est évident que ces erreurs de débutant du nouveau pouvoir tombent mal. Le contexte n’est pas favorable d’autant que l’Etat du Sénégal est visiblement confronté à des problèmes de liquidités…
Il faut savoir que l’économie a besoin avant tout de sérénité et surtout de confiance.
Par ailleurs, l’Etat a intérêt à collaborer avec le secteur privé national… disons ceux qui font tourner la machine au quotidien. Une lueur d’espoir avec ce signal fort lié à la présence de Baydi Agne Président du Conseil national du patronat (CNP) et d’autres icônes du privé dans la délégation du Premier ministre Ousmane Sonko, récemment en visite de travail et d’amitié en Mauritanie. Un acte à apprécier à sa juste valeur. Un Leader comme le Roi Mohamed VI du Maroc se déplace toujours avec les figures emblématiques du secteur privé chérifien en se comportant à l’occasion en VRP de luxe au profit de ses hommes d’affaires.
L’Etat n’a pas vocation à créer des emplois et de la valeur ajoutée. La puissance publique a juste la mission d’assurer un cadre propice à un environnement des affaires attractif.
Oui, le nouveau régime a l’obligation de dynamiser l’économie en libérant toutes les énergies. L’idée c’est de travailler à assurer une redistribution équitable et intelligente des richesses afin de casser entre autres objectifs les inégalités sociales abyssales…
Cela se fera en impliquant les Sénégalais de tous bords sans distinction de quelque obédience politique que ce soit.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, il était important pour le nouveau pouvoir de collaborer avec tact avec des profils identifiés dans l’optique de bénéficier de leur réseau dense composé notamment de sherpas de la haute finance.
Il est évident que l’héritage de l’ancien pouvoir semble assez lourd.
Ousmane Sonko parlait d’un pays en ruines. Sans doute faisait-il allusion à l’état peu reluisant des finances publiques.
Mais la stratégie du nouveau régime est-elle la bonne?
Comment relancer une économie en suspendant des emplois ?

That’s the question.