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Les Emirats arabes unis vont construire un oléoduc entre Ethiopie et Erythrée

Un oléoduc entre l’Ethiopie et l’Erythrée, c’est le projet annoncé par la ministre émiratie de la Coopération internationale, vendredi 10 août. Une initiative dévoilée lors d’une visite à Addis-Abeba, où elle a rencontré le Premier ministre Abiy Ahmed. Le pipeline doit relier le port érythréen d’Assab sur la mer Rouge et la capitale éthiopienne.


Le pipeline voulu par les Emirats arabes unis entre l’Ethiopie et l’Erythrée doit relier deux villes distantes de plus de 500 kilomètres à vol d’oiseau. Jusqu’en 1998, avant la guerre éthio-érythréenne, l’Ethiopie utilisait une raffinerie de pétrole du port d’Assab. Mais depuis la guerre et la période « ni paix ni guerre » de ces vingt dernières années, c’était devenu impossible. Tout passait par Djibouti.

Le projet émirati ouvre donc des perspectives aux autorités éthiopiennes. Elles vont pouvoir mettre en concurrence Djibouti et donc peut-être faire baisser certains tarifs portuaires. Mais aussi accélérer l’importation de pétrole raffiné. Car, pour le moment, ce sont des centaines de camions qui mettent deux à trois jours pour arriver depuis Djibouti.

Les Emirats arabes unis renforcent leurs intérêts dans la région

Pour Kjetil Tronvoll, professeur à l’Université Bjorkness à Oslo, en Norvège, il s’agit « en quelque sorte de la première manifestation concrète d’une coopération logistique transfrontalière, ce qui est très positif ». L’universitaire n’est pas étonné de voir les Emirats arabes unis donner cette impulsion, puisqu’ils « ont joué, aux côtés des Saoudiens, un rôle majeur dans le rapprochement entre Erythrée et Ethiopie et qu’ils ont, plus largement, leurs intérêts dans la région ».

Des intérêts qu’ils espèrent renforcer « avec des résultats économiques concrets et des projets de développement d’infrastructures », dans la logique de leur « implication de plus en plus grande » dans la corne de l’Afrique.

Fin 2017, l’entreprise américaine Blackstone avait déjà envisagé un oléoduc de la région d’Addis vers la mer Rouge. Il avait été annulé, puisque le gouvernement éthiopien l’avait jugé trop cher.

Ce même gouvernement a inauguré le nouveau train entre la capitale et Djibouti début 2018. Il est censé transporter à terme du pétrole. Oléoduc et chemin de fer pourraient donc entrer en concurrence.

A moins que le projet émirati ne serve à l’exportation, l’Ethiopie a débuté une phase de test d’extraction pétrolière, fin juin, dans le sud-est du pays. Les autorités éthiopiennes n’ont pas répondu aux demandes de précisions.
( Avec rfi )