PREMIERS ACTES POSÉS: Yankhoba Diémé suscite l’inquiétude au sein du patronat
Le ministre du travail ne rassure pas le patronat. Ce dernier s’inquiète de l’attitude de la tutelle à son égard, avec des propos pas du tout tendre lors de ses visites de terrain, et une sorte de parti pris pour les travailleurs qui ne dit pas son nom, comme dans le cas des licenciements de délégués du personnel à la CBAO.
Depuis son arrivé, le ministre du travail, de l’emploi et des relations avec les Institutions, Yankhoba Diémé ne cesse de poser des actes dans son secteur, allant des visites de terrain, à des décisions controversées, comme l’annulation du licenciement des délégués syndicaux de la CBEAO. «Dans cette affaire CBAO, le ministre a fait preuve de parti pris manifeste pour ses anciens camarades syndicalistes. Et ce n’est pas pour rien que la cour suprême a suspendu sa mesure», dénonce un responsable de la CBAO. Ajoutant que «l’attitude du ministre dans cette affaire, au-delà même de la CBAO, suscite de l’inquiétude dans le patronat en général, où on se demande, après la CBAO, à qui le tour». Sur cette affaire, la Cour suprême a motivé la suspension de l’injonction ministérielle par un «conflit d’intérêt plus que patent» et une «erreur manifeste d’appréciation» concernant la tutelle.
Expliquant que le ministre «a, comme syndicaliste, pris fait et cause pour les travailleurs de la banque (CBAO) qui étaient en conflit avec la direction et le top management de leur établissement, accompagné et défendu les délégués du personnel à l’Inspection du travail lors de l’enquête contradictoire le 4 mars 2024». A l’époque, il n’était pas encore ministre et était syndicaliste dans un établissement bancaire. Par ailleurs, lors de ses déplacements au niveau des entreprises et structures de son département, le ministre est réputé ne pas être tendre avec le patronat, certains lui reprochant être plus attentifs aux préoccupations des travailleurs qu’à celles de l’entreprise. «Il faut qu’il accepte qu’il n’est plus syndicaliste, mais ministre de tutelle.
Autant il doit défendre et protéger les travailleurs, autant il doit défendre et protéger le patronat», déplore une responsable d’une entreprise visitée récemment par Yankhoba Diémé. Il s’y ajoute, selon nos sources, que l’Etat a fait arrêter le processus de validation du nouveau Code de la sécurité sociale, pour une relecture. Une relecture, qui, selon nos sources, n’est rien d’autre qu’une volonté de retoucher le texte, pour mieux marquer la présence de l’Etat, notamment au sein des institutions sociales. Ce qui n’est pas du gout de certains de nos interlocuteurs aussi bien au niveau du patronat que des syndicats.
«Ce qu’ils oublient, ou font semblant d’oublier, c’est que les fonds des institutions sociales ne sont pas des fonds publics. Ce sont des fonds privés, des travailleurs et des patrons qui cotisent», fait remarquer une source appartenant à une grande organisation patronale. Ajoutant que même à la base de la création des institutions sociale, il n’y a pas l’Etat, mais les travailleurs, à travers les syndicats, ainsi que le patronat. Quoi qu’il en soit, à en croire ce chef d’entreprise, «le patronat est inquiet et n’est pas rassuré par les débuts du ministre de tutelle».
Mbaye THIANDOUM