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LA CHRONIQUE DE MLD: Baba Diao, l’industrie pétrolière et les leçons de vie…Par Mamadou Lamine DIATTA

La perfection n’est pas de ce monde et nul n’est indispensable. Clairement !
Mais nous devons à la vérité de reconnaître que le passage sur terre de ce profil technocratique rare aura marqué les esprits.
Qui parmi les 18 millions de concitoyens connaît peu ou prou Abdoulaye Baba Diao ?
Ils ne sont sûrement pas légion surtout du côté du Sénégalais lambda.
Pourtant ce brillant matheux passé rapidement fonctionnaire de l’Etat du Sénégal puis trader prospère de l’or noir aura été franchement impactant et surtout utile à sa communauté au regard de sa position stratégique au cœur de cette économie pétrolière qui alimente au quotidien l’énergie vitale dont nous avons besoin dans nos foyers et nos entreprises. Juste une illustration : c’est lui qui aura pratiquement rédigé les textes régissant Petrosen.
Cela en dit long sur son éclectisme et surtout sa discrétion malgré les nombreuses grâces que Dieu notre Créateur lui avait accordées dans cette vie d’ici-bas qui n’est finalement que vanité, plaisirs futiles et évanescents.
De manière triviale voire grossière, c’était un peu cela Abdoulaye Baba Diao, cette tête d’œuf et acteur respectable de l’économie réelle qui vient de livrer son dernier Tanker de fuel au moment où le pays a davantage besoin de ses services au regard du contexte relatif à notre fraîche admission dans le cercle restreint des pays pétroliers et gaziers(OPEP).
Personnellement, en tant que professionnel de l’info et de la communication, spécialiste des questions économiques et financières, je l’avais découvert à la fin du magistère de Maître Abdoulaye Wade, en 2011, au plus fort de cette crise énergétique qui avait accouché difficilement du fameux Plan Takkal d’un Karim Wade, alors tout-puissant ministre du ciel et de la terre pour reprendre la célèbre rengaine journalistique de l’époque.
Il fallait voir cet homme râblé au regard perçant (signe d’intelligence) dans les allées du King Fahd Palace. C’était au cours d’une réunion d’urgence qui avait regroupé tous les décideurs et autres sherpas du petit monde de l’énergie au Sénégal. Baba Diao s’était de jour-là démené avec frénésie pour trouver la solution- miracle et soulager des Sénégalais plongés dans le noir avec tout ce que cela comporte comme désagréments dans toute la chaîne de production et de conservation des richesses.
Eh bien, il avait finalement débloqué la situation après s’être démultiplié pour trouver un tanker de fuel qui avait amarré au Port autonome de Dakar afin d’alimenter nos centrales électriques.
C’est ce jour-là que j’ai découvert, apprécié et surtout respecté Baba Diao, un bout d’homme, effacé et pourtant décisif dans notre trajectoire économique ces quarante dernières années.
Avec le récent lancement de sa banque Outarde, il avait littéralement plongé dans le difficile secteur financier sans doute pour diversifier ses activités et consolider son statut incontestable de champion économique.
Avec le recul, l’on pourrait également retenir que Baba nous aura administré pas mal de leçons de vie par sa trajectoire rectiligne malgré plusieurs vents contraires car il n’était pas né avec une cuillère en or. Loin de là. Retenir aussi sa soif inextinguible du savoir, son engagement, sa résilience, sa discrétion sans oublier son impact dans la vie économique et sociale de ses semblables. Dans son fief de Thiès, sa disparition sera durement ressentie…Un doux euphémisme !
Quid de son héritage en termes de Leadership et de poursuite de son œuvre dans ce secteur stratégique et névralgique à la fois ? Baba Diao avait-il préparé un ou plusieurs profils pour assurer la continuité de ce travail de fourmi lié au trading dans l’industrie balbutiante du pétrole et du gaz sous nos cieux?
Le problème avec nos capitaines d’industrie, c’est que souvent après eux, c’est le déluge…
Ce qui n’est pas le cas en Europe ou en Asie où le sens de la planification et de la prospective mais aussi l’anticipation font partie des fondamentaux du vivre-ensemble.
Il faudrait s’adapter alors.