AES, Franc CFA… : Au Ghana, Guy Marius Sagna évoque les différences entre transitions militaires et civiles
Au Ghana, Guy Marius Sagna a été questionné par des Africains sur la situation au Sénégal, notamment sur la troisième alternance politique et ses implications. Il a expliqué que, contrairement aux pays comme le Niger, le Mali et le Burkina Faso où les coups d’État militaires ont permis des changements rapides, le Sénégal doit opérer des transformations plus progressivement à cause de ses institutions encore influencées par le néocolonialisme. Selon lui, les prochaines élections législatives seront cruciales pour permettre au Sénégal de renforcer sa souveraineté et de réaliser des réformes significatives.
In extenso, la tribune de Guy Marius Sagna :
« Au Ghana j’ai beaucoup été interpellé par des frères et sœurs africains sur la situation au Sénégal. La troisième alternance suscite un intérêt particulier, juste et légitime de nos frères et sœurs. En effet ils ont soutenu et continuent de soutenir le projet d’un Sénégal souverain dans une Afrique souveraine et unie.
Ils m’ont parlé de ce qui apparaît pour eux comme un manque de lisibilité, de confusion, de lenteurs, de signaux inquiétants, de la présence encore de l’armée française, du CFA…
Faisons des comparaisons !
Le coup d’État au Niger a eu lieu le 26 juillet 2023. Après un bras de fer de deux mois, Macron annonce le départ de l’armée française le 24 septembre 2023 et le 22 décembre 2023 est la date du départ des derniers militaires français.
Août 2020 coup d’État militaire au Mali. 19 mois après, en Février 2022 le Mali demande à l’armée française de quitter le Mali. 15 août 2022 date de la sortie du dernier soldat français du Mali.
Septembre 2022 coup d’État militaire au Burkina Faso. Cinq (05) mois après en mi-janvier 2023 dénonciation par le Burkina Faso de l’accord militaire avec la France.
Et ils sont toujours dans le CFA.
J’ai répondu en rappelant que le 02 juillet 2024 cela fera seulement trois (03) mois que le président de la république Bassirou Diomaye Diakhar Faye aura prêté serment et qu’il aura nommé Ousmane Sonko premier ministre du Sénégal.
Les présidents malien, burkinabè et nigérien ont dissous toutes les institutions de leur pays. Le président sénégalais ne peut pas dissoudre toutes les institutions de son pays qui sont entre les mains de femmes et d’hommes qui servent l’ancien système néocolonial. La souverainisation de l’appareil d’État est un préalable à toute décision sérieuse de souveraineté si le président de la république du Sénégal ne veut pas faire de l’aventurisme politique.
Les militaires arrivent au pouvoir en dissolvant toutes les institutions et donc ont une marge de manœuvre plus importante et donc une plus grande vitesse d’exécution qu’un civil qui arrive au pouvoir et qui ne peut dissoudre toutes les institutions.
Même l’Assemblée nationale est entre les mains de partis politiques néocoloniaux. Voilà pourquoi, les prochaines élections législatives sont fondamentales pour la suite car constituant le moment à partir duquel la souverainisation de l’appareil d’État aura atteint un niveau qui permettra si PASTEF et ses alliés ont la majorité à l’Assemblée nationale de passer aux transformations, réformes, changements décisifs.
Si j’ai choisi de comparer le Sénégal et le Mali, le Burkina Faso et le Niger c’est aussi pour en profiter pour dire que ceux qui opposent les expériences des pays de l’AES et du Sénégal font une erreur. En réalité, nous avons un souverainisme sénégalais issu des urnes après une lutte du peuple et un souverainisme malien, burkinabè et nigérien issu du parachèvement militaire des luttes des peuples de ces trois pays.
Tous les quatre pays disent : il y a une alternative à l’impérialisme, au néocolonialisme. Tous les quatre pays ont comme objectif : renouer avec le développement endogène.
Tous les quatre pays doivent prendre en compte les intérêts des différentes classes sociales parties prenantes du mouvement national patriotique et révolutionnaire.
Tous les quatre pays ont mon soutien. »
GMS,
Avec Senego