LA CHRONIQUE MLD: Pas d’inquisition, juste une justice équitable…Par Mamadou Lamine DIATTA
Au sens figuré, le Larousse définit l’inquisition comme l’enquête ou la recherche vexatoire arbitraire.
Dans le cadre de la fameuse reddition des comptes,ceux qui incarnent le nouveau pouvoir au Sénégal ne devraient jamais tomber dans ces travers et il faut éviter de donner l’impression de promouvoir une certaine justice des vainqueurs.
Il faut quand même sonner le tocsin; les lanceurs d’alerte en font trop. Beaucoup ont investi les plates-formes numériques et les médias pour initier à leur manière leur propre opération « Mano pulite » du nom de cette purge qui a eu lieu au début des années 90 en Italie, une série d’enquêtes judiciaires visant des personnalités du monde politique et économique transalpin.
Un lanceur d’alerte, un chroniqueur ou un journaliste lambda n’incarnent pas la justice. Loin s’en faut !
Depuis quelques jours plusieurs de ces acteurs d’un l’espace public débridé s’érigent ostensiblement en Procureurs du temps réel.Ce n’est pas leur rôle d’autant qu’ils ne peuvent se limiter qu’à broder et raconter des légendes sur d’anciens dignitaires du régime déchu qui doivent jouir à priori de la présomption d’innocence.
Dans la même veine, cette reddition des comptes devrait se faire dans la sérénité avec un état d’esprit basé sur le simple fait que les anciens dirigeants du pays reconnus coupables et qui acceptent de transiger devraient bénéficier de ce privilège histoire d’échapper aux affres de la prison: l’essentiel étant de récupérer l’argent du contribuable.
Il faut se calmer pour laisser la justice faire tranquillement son travail.
Le nouveau pouvoir l’a déjà dit et ressassé à travers le célèbre discours du Radisson du Président Bassirou Diomaye Faye : » Il n’y aura pas de chasse aux sorcières mais il y aura bel et bien justice « .
Dans la même veine, le Khalife Général de Thienaba invite le Président à ne pas se lancer dans des représailles et recommande d’éviter la loi du talion…
Il faut savoir que la nomination de l’ancien Procureur de la République au poste stratégique de garde des Sceaux, ministre de la justice est à ce titre un signal fort envoyé aux 18 millions de Sénégalais et surtout à tous ces donneurs d’ordre et gestionnaires en délicatesse avec l’argent public.
Ousmane Diagne peut d’ailleurs s’enrichir de l’expérience malheureuse de la reddition des comptes sous le régime Macky Sall.
Avec une certaine Mimi Touré à la baguette,seul Karim Wade, deux pelés trois et trois tondus avaient été convoqués et jugés et puis patatras…
Macky Sall était en vérité dans le Tout- Politique ce qui avait plombé volontairement cette opération stratégique liée au devoir de redevabilité.On s’était rendu compte que beaucoup d’anciens hauts responsables de la coalition formée autour du PDS avaient rejoint les prairies marrons histoire de se refaire une virginité politique et échapper par ricochet aux fourches caudines de la justice.Ce qui avait eu le don de décredibiliser l’initiative.
La reddition des comptes n’est pas une traque des biens dits mal acquis comme on l’avait surnommé en 2012…
Les mots ont leur sens et dans le cas d’espèce, ils sont de nature à dévoyer cet exercice banal qui a lieu dans toute démocratie qui se respecte.
Il faut faire confiance au nouveau ministre de tutelle et à toutes ses équipes d’autant que le Sénégal est doté d’une justice composée de professionnels rompus à la tâche ayant déjà fait leurs preuves lors de la fameuse crise électorale qui avait abouti au report du scrutin présidentiel du 25 février 2024.
Ici, cette justice professionnelle sait rester debout pour ne point rater le train de l’Histoire malgré quelques épisodes malheureux qui avaient un tant soit peu contribué à écorner son image.