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LA CHRONIQUE DE MLD: Démocratie résiliente,le Sénégal tenté par l’inconnu Diomaye. Par Mamadou Lamine DIATTA

« Le bonheur est parfois caché dans l’inconnu. »
Victor HUGO

Par Mamadou Lamine DIATTA

3ème alternance démocratique au Sénégal après 2000 et 2012…
Avec 18 millions de concitoyens dotés d’une solide culture électorale, ce pays qui en a vu d’autres a démontré à la face du monde qu’il dispose de ressorts sociologiques et sociétaux insoupçonnés malgré de nombreux soubresauts qui l’avaient fait fléchir un moment.
Ils ont voté dans la paix et la sérénité et ont élu leur 5ème Président.
Le lendemain, ils ont vaqué normalement et tranquillement à leurs occupations.
Ce détachement qui frise le snobisme est une leçon pour les peuples africains assoiffés de liberté et de grand ’air.
Les Sénégalais connaissent l’importance capitale du vote.
En vérité, ce qui est trivialement appelé le « Projet » dépasse Pastef qui en reste tout de même l’inspirateur. Il s’agit exactement d’une aspiration populaire consistant à changer ce système hybride, pâle copie de la social-démocratie établie depuis 2000 par Me Abdoulaye Wade et consolidé par Macky Sall. Quitte à opérer un véritable saut vers l’inconnu. Victor Hugo disait : « Le bonheur est parfois caché dans l’inconnu. »
C’est ce qui explique ce score flatteur de 54,28% réalisé par le candidat Bassirou Diomaye Faye…
Pour autant, les Sénégalais ne se font pas hara-kiri. Loin de là surtout que nous avons affaire à un peuple intelligent. Le contexte de cette présidentielle inédite du 24 mars 2024 explique largement l’élection de ce candidat souverainiste adoubé par un Ousmane Sonko agissant comme Midas, ce roi de la mythologie grecque qui transformait tout ce qu’il touchait en or massif.
Trop de coups de canif sur une démocratie chancelante mais résiliente.
Trop d’injustices flagrantes matérialisées par les incarcérations massives de figures emblématiques de l’opposition et de citoyens ordinaires. Trop d’atermoiements d’un pouvoir Macky Sall mal inspiré de s’engager dans une opération de quasi négation des libertés ayant notamment abouti à plusieurs coupures d’Internet à l’image des pratiques ubuesques des régimes totalitaires. Trop de tentatives de musèlement de l’opinion publique. Trop de tentatives de contrôle d’un Conseil constitutionnel juge électoral par excellence. Et même trop de couleuvres avalées par son propre candidat Amadou Ba pourtant censé incarner la continuité contre le camp déterminé et hyper motivé de la rupture.

Le crépuscule des manipulateurs

La coupe des Sénégalais était donc assez pleine et le scrutin présidentiel du dimanche 24 mars 2024 a finalement viré à un véritable référendum : Pour ou contre la continuité de ce que vous avez enduré durant 12 bonnes années ? Les urnes ont parlé bruyamment.
Avec le recul, il faut savoir que personne, pas même Ousmane Sonko ou le Président Bassirou Diomaye Faye, ne doit bomber le torse pour récupérer la victoire d’un peuple qui vote depuis 1848.Aucune gloriole à exprimer d’autant qu’il faut toujours éviter de tirer la couverture à soi. Il y a sûrement la main de Dieu et ces nouveaux maîtres du pays n’étaient que les catalyseurs d’une sourde colère qui avait accouché d’un mouvement d’ensemble ayant fait chorus le jour J ; ce qui n’enlève absolument rien à leur mérite surtout qu’ils ont fait preuve de courage et de persévérance en restant résilients au plus fort d’une traque systématique orchestrée par le régime déchu d’un Président qui s’apprête à rendre le tablier. Comme pour conforter le Mahatma Ghandi qui disait : « L’homme est un éternel apprenti, chaque jour une leçon, chaque expérience une nouvelle page à écrire. »
Il est évident que 54, 28% des Sénégalais ne sauraient élire de supposés Salafistes détenteurs d’un projet insurrectionnel. Pis, le champ lexical des idéologues du régime Sall regorgeait de vocables flippants du genre forces obscures, rebelles, terroristes et tutti quanti.Feignant du coup de souligner que la paix est consubstantielle à la vérité et à la justice.
Autrement dit, le jargon fleuri des contempteurs des gens du nouveau pouvoir n’a finalement pas fait mouche auprès d’un électorat avisé.
Aujourd’hui, le peuple sénégalais souverain a tranché avec un retentissement en mondovision.
Même les puissances occidentales qui avaient mordu à l’hameçon de la manipulation ont compris sur le tard. Un célèbre penseur disait à l’envi : « Les peuples sont en avance sur les hommes politiques.»
Ceci dit, arrive le temps de la réconciliation nationale dans un pays profondément divisé. De ce point de vue, le Président Bassirou Diomaye Faye a visiblement rassuré le monde entier via le discours du Radisson, premier speech d’un magistère qui va officiellement démarrer le 02 avril 2024.
En déclarant urbi et orbi que le Sénégal restera « l’allié sûr et fiable » de tous les partenaires étrangers respectueux, le nouveau Président rassure la communauté internationale et les investisseurs. En ouvrant subtilement une fenêtre sur le nécessaire et urgent rééquilibrage des relations historiques avec la France, les pays africains, les Etats-Unis, la Chine, la Turquie, la Russie…
Détail important, le Président Bassirou Diomaye Faye ne réussira sa mission que si chaque Sénégalais essaie de s’améliorer pour performer et apporter sa pierre à l’édifice ; le nouveau Leader n’étant qu’un Chef d’orchestre invité à donner le la dans la perspective d’une symphonie harmonieuse qui reflètera sûrement la qualité de notre vivre-ensemble.