Makhtar Diop vice-président de la Banque mondiale: « les Etats du continent ne doivent pas se contenter de la croissance mais préparer l’avenir ».
Dans un entretien publié au monde.fr, le vice-président de la Banque mondiale pour les Infrastructures suggère aux pays africains de placer le capital humain dans leurs plans émergents et « d’apprendre à épargner pour les générations à venir ».
C’est que sur ces chapitres, les États du continent sont à la traine. « Avoir une aspiration de développement économique et des ambitions pour son pays est une excellente chose, pose Makhtar Diop. Des pays comme le Rwanda ou l’Éthiopie se fixent des objectifs raisonnables et essaient de les tenir. Ils ont des plans rigoureux avec des objectifs chiffrés et mesurables. La réalité doit aller au-delà des simples formules. »
Le vice-président de la Banque mondiale de poursuivre : « L’émergence suppose, par exemple, un accès ininterrompu à l’électricité. Elle implique des coûts maîtrisés, une qualité des services fournis au public. Elle suppose aussi que les agences de régulation font leur travail. Je ne suis pas sûr que tous ces critères soient réunis dans nombre de pays africains affichant leur ‘émergence’. »
Et ce n’est pas tout. « Les institutions, tout comme l’administration, doivent fonctionner et être au service des citoyens. Il faudrait, enfin, accepter d’être comparé à d’autres, y compris hors du continent, plaide l’ancien ministre de l’Économie et des Finances de Wade.
Quand un tiers du budget d’un pays va dans l’éducation, le public est en droit d’attendre des résultats. Le capital humain, pourtant essentiel, est souvent oublié dans les plans émergents africains qui se réduisent parfois à un listing d’infrastructures. »
Autre conseil de Makhtar Diop : « Il faudra apprendre à épargner pour les générations à venir. Ces dernières années, ces pays (africains) n’ont pas créé assez d’amortisseurs pour leur permettre d’épargner, de faire front dans les périodes difficiles et de tenir dans la durée. Les pays où l’on a découvert récemment du gaz et du pétrole doivent, par exemple, tirer des leçons de ce qui s’est passé ailleurs, notamment en Angola et au Congo-Brazzaville, pour ne pas répéter les mêmes erreurs. »
Source Le Monde