Attaque du Hamas contre Israël: la libération des otages «est vraiment une opération complexe»
Le sort des plus de 100 otages fait par le Hamas et probablement exfiltrés dans la bande de Gaza est plus que jamais incertain et contraint forcément la réplique militaire d’Israël. Parmi les pistes sur la table pour l’État hébreu, la négociation avec le Hamas et des libérations de prisonniers palestiniens des geôles d’Israël, ou alors l’opération militaire commando pour récupérer ces dizaines d’otages. Une opération extrêmement difficile et périlleuse. L’analyse de Antony Marchand, ancien numéro 2 du GIGN et directeur de Gallice International.
Comment se prépare une opération de récupération d’otages ?
Antony Marchand : Pour mener actuellement une opération martiale de récupération d’otages, il faut vraiment un certain nombre de conditions qui ne vont pas être faciles à réunir. Il faut du renseignement, tenir le la localisation précise des otages. Il faut un nombre de points qui ne soit pas trop élevé à traiter parce que si vous avez 50 groupes de 3, faut arrêter de rêver. Mener 50 opérations pour aller chercher 3 personnes dans une zone qui vous est hostile dans les conditions actuelles, c’est quelque chose qui est quasiment infaisable ou alors avec des chances de réussite assez faibles. Il y a là tout ce qu’on peut compter d’éléments hostiles, des gens qui en face maîtrisent très bien les piégeages avec une population locale très hostile, avec la nécessité de pénétrer dans un territoire adverse. C’est vraiment une opération complexe.
En attendant que cette opération soit menée –si elle l’est un jour- ces otages disséminés dans la bande de Gaza contraignent la réplique de l’armée israélienne ?
Bien sûr. Tout l’enjeu est de savoir où se trouvent ces otages qui ont certainement été dispersés grâce notamment au réseau de tunnels et rendent très difficile le renseignement. On peut avoir quelques indications, quelques idées, mais en effet, les opérations militaires actuellement sont très contraintes parce qu’à partir du moment où vous voulez lancer une opération de représailles sur la base de requêtes de missiles ou aller cibler des objectifs, actuellement une quelconque riposte de ce type est extrêmement contrainte. 150 otages que vous disséminez sur une bande de Gaza ou sur une zone géographique qui fait quelques dizaines de kilomètres malgré la précision de vos moyens d’action, ça reste une vraie contrainte.
L’autre voie possible pour récupérer ces otages, c’est la négociation. Quel profit pourrait en tirer le Hamas ?
Il y a une question d’image d’abord. Médiatiquement, le coup est parti et l’impact a déjà porté. L’étape suivante doit être de se dire « Voilà moi, en tant que Hamas, quelle est la valeur que j’accorde à ces otages et comment je peux obtenir le plus grand profit de cette action ? » Parce que je pense que vraiment c’est en ces termes que les choses sont posées désormais : ces 100 -150 otages, sont autant de monnaies d’échange. Le preneur d’otages va vouloir en tirer le maximum et c’est plus de son côté que les termes du contrat vont se poser que du côté d’Israël. En 2011, le soldat israélien pris en otage Gilad Shalit avait été libéré contre 1 000 prisonniers palestiniens. Il faut tout de même faire attention, car en matière d’échange, chaque situation est différente. Tout est une question de cadre, d’espace-temps, de personnes. Car parmi les personnes qui sont retenues en Israël, il y a des individualités et le Hamas veut peut-être absolument en récupérer une pour laquelle il serait prêt à rendre plus d’otages. Si cette négociation s’engage, et je pense qu’on ne peut pas écarter cette option, ce sera une négociation âpre.
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