Climat: «Aucun État du G20 ne souhaite véritablement se mouiller»
Le sommet du G20, crucial pour espérer fixer de nouveaux objectifs sur la question de l’urgence climatique, aura lieu ce week-end à New Delhi. Alors que le groupe est composé d’États qui représentent ensemble environ 85% du PIB mondial, Marine de Guglielmo Weber, chercheuse au sein du programme Climat, énergie et sécurité de l’IRIS, semble peu optimiste sur ses potentielles avancées dans la lutte contre le changement climatique.
RFI : Les clivages autour de la dépendance au charbon et les différends avec Pékin compliquent la conclusion d’un accord pour réduire les émissions. Alors que les présidents russe et chinois ne se rendent pas au sommet, peut-on toujours espérer quelques progrès au sommet du G20 ?
Marine de Guglielmo Weber : Le fait que la Russie comme la Chine ne soit pas représentés par une présence présidentielle, c’est un gros problème et ça complexifie encore l’équation. Surtout quand on a d’une part une puissance avec des émissions carbones absolument stratosphériques dans le cadre d’affrontements militaires et puis de l’autre, une puissance qui, dans des perspectives de développement et de croissance économique, est devenue depuis quelques années le premier émetteur contemporain de carbone… Effectivement, il est très important que ces puissances soient assises autour de la table et prennent part aux négociations de manière active. Ça n’envoie pas le bon signal qu’elles ne soient pas présentes et je ne suis pas sûre malheureusement qu’on puisse espérer grand-chose de cette rencontre. C’est déjà extrêmement compliqué de s’accorder sur des mesures communes de prise en charge de la question climatique quand tout le monde est présent. Et puis, quand on arrive à le faire, généralement ce sont des mesures extrêmement consensuelles qui ne mènent pas à grand-chose. Aujourd’hui, on est en très mauvaise voie pour prendre en charge la question climatique à l’échelle globale et on est en voie de dépasser, avant 2030, l’objectif des 1,5°C.